Couverture fascicule

Ziegler (Jean) - Sankara, un nouveau pouvoir africain (Entretiens avec J.-Ph. Rapp). - Lausanne, Éd. P. M. Favre (coll. «Les grands entretiens»), 1986
Englebert (Pierre) - La Révolution burkinabè (Préface de J.-P. Cot). - Paris, L’Harmattan (coll. «Points de vue»), 1986

[compte-rendu]

Année 1988 29 p. 141
Fait partie d'un numéro thématique : Mozambique : guerre et nationalismes
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Ziegler (Jean) — Sankara, un nou¬ veau pouvoir africain (Entretiens avec J.-Ph. Rapp). — Lausanne, Éd. P. M. Favre (coll. «Les grands entre¬ tiens »), 1986, 176 p., bibliogr.

Englebert (Pierre) — La Révolu¬ tion burkinabè (Préface de J.-P. Cot). — Paris, L’Harmattan (coll. «Points de vue »), 1986, 270 p., bibliogr.

Ces deux ouvrages de même inspi¬ ration quoique de styles différents prennent un relief particulier après les changements politiques intervenus au Burkina le 15 octobre 1987. Leurs auteurs ont éprouvé beaucoup de sympathie pour ce pays et son chef, et ils ne s’en cachent pas. Mais disons-le tout net, le résultat d’ensemble est plutôt décevant. Le livre de J. Ziegler, par ailleurs débordant de bons senti¬ ments, pèche par le caractère trop sommaire de ses analyses et par un manque d’esprit critique trop flagrant pour emporter l’adhésion. Il n’est pas certain que cette complaisance fut un bon service rendu au régime du capi¬ taine Sankara. Il eut mieux valu, sans doute, dans l’intérêt même de la cause

défendue par Ziegler, porter un regard plus lucide sur le processus amorcé le 4 août 1983. En fait, seul l’entretien rapporté par J.-Ph. Rapp apporte quel¬ ques éléments d’information intéres¬ sants, en permettant à Sankara de s’exprimer sur des sujets peu connus du grand public, comme sa jeunesse par exemple.

Plus ambitieux est le travail de P. Englebert qui brosse un tableau assez complet de l’œuvre politique, sociale et économique de l’ex-CNR. Malheureusement, et bien qu’il s’en défende, l’auteur cède à la tentation de prendre pour la réalité le discours offi¬ ciel. D’ailleurs, dans sa préface, J.-P. Cot ne se fait pas faute de le rele¬ ver assez cruellement. Là n’est pas cependant la principale faiblesse de l’ouvrage ; on lui reprochera plutôt son caractère trop souvent allusif, ses argu¬ mentations rapides, ses analyses quel¬ que peu superficielles, défauts dus sans doute au souci d’en dire un maximum en un minimum de pages. Ceci aurait pu être évité en faisant l’économie de la partie «historique » (de l’après-Seconde Guerre mondiale au coup d’État du 25 novembre 1980), connue pour avoir été racontée maintes et maintes fois, et du chapitre consacré aux relations extérieures, à peine esquissé et donc peu utile. On s’inté¬ ressera davantage à la deuxième partie, «Fondements et pratiques du pou¬ voir », et en particulier au chapitre traitant des «rapports sociaux ». P. Englebert identifie bien le projet politique du Conseil national de la révolution — renversement des allian¬ ces sociales au profit de la paysanne¬ rie — mais l’analyse de la stratégie mise en œuvre pour y parvenir ainsi que les enjeux qui lui sont sous-jacents auraient mérité mieux que les cinq pages (pp. 166-170) qui leur sont con¬ sacrés. Bref, un ouvrage qui n’est pas inutile, représentatif, au même titre que celui de J. Ziegler et J.-Ph. Rapp, d’un «tiers-mondisme » qui s’affiche de moins en moins, mais qui aurait été plus convaincant s’il ne se contentait pas de poser seulement les prémices de l’analyse. [R. O.]