Couverture fascicule

Edward Luttwak. Le grand livre de la stratégie, de la paix et de la guerre

[compte-rendu]

Année 2003 68-2 pp. 438-439
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Le Grand Livre de la stratégie, de la paix et de la guerre

Edward N. Luttwak Paris, Odile Jacob, 2002, 400 pages

Edward Luttwak, expert au Center for Strategic and International Studies de Washington, contribue depuis les années 1980 à animer la réflexion stratégique. Le Grand Livre de la stratégie, de la paix et de la guerre actualise ainsi l'excellent Paradoxe de la stratégie, paru quinze années auparavant, par l'apport d'exemples récents puisés dans les opérations militaires ayant suivi la chute du mur de Berlin (Irak et Balkans, principalement) et

de recherches de l'auteur ayant fait l'objet d'autres publications (les thèmes de l'ère post-héroïque, des vertus de la guerre ou de la puissance aérienne stratégique).

La thèse centrale de l'auteur s'inscrit dans la continuité directe de la théorie clause- witzienne et de la définition de la stratégie énoncée par le général Beaufre dans son Introduction à la stratégie, à savoir « l'art de la dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit ». De cette définition, E. Luttwak déduit que l'affrontement de deux acteurs animés fait naître une logique paradoxale guidant l'action de chacun dans ses efforts pour soumettre l'adversaire à sa volonté. L'existence d'une opposition entre deux rivaux n'étant pas seulement des « masses inertes », ainsi que le décrivait Cari von Clausewitz, condamne à l'inefficacité toute décision prise selon une logique linéaire : le domaine stratégique demeure un champ d'affrontement qui impose de s'éloigner du sens commun, de sortir du spectre du pensable et du prévisible dans le but de prendre l'avantage sur l'ennemi sans qu'il soit à même de réagir, de le réduire à la passivité et de rompre par-là même avec la dialectique d'action-réaction spécifique au milieu conflictuel.

A grands renforts d'éclairages historiques, l'auteur consacre ainsi sa première partie à la mise au jour de ce processus dynamique d'inversion des contraires, par lequel l'échec peut succéder si rapidement à la réussite dès lors que sont peu ou mal considérés les impondérables de l'action stratégique, tels la friction ou le brouillard de guerre, et que le point culminant du succès est dépassé. Parce que la dynamique paradoxale de la stratégie punira les égarements des victorieux et récompensera la prudence et la capacité d'adaptation des vaincus, le stratège doit être à même de perpétuer la phase ascendante de l'efficacité du recours à la violence en définissant une ligne de conduite assurant aussi bien l'intégration des moyens aux fins (dimension verticale de la stratégie) que la prise en compte des actions possibles et effectives adverses (dimension horizontale).

Le Grand Livre de la stratégie se poursuit par une étude des différents niveaux aux-

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