RENÉ LAURENTIN
L'INFORMATION AU CONCILE
Le Concile fut un tournant historique de l'information religieuse. Auparavant, elle était grisaille et convention. Elle n'avait pas acquis ses lettres de noblesse, ni même un véritable statut d'existence dans la presse. Elle n'émergeait qu'à l'occasion d'événements spectaculaires (élection d'un Pape, définitions dogmatiques, apparitions), souvent traités en faits divers, et non comme «grande information» politique ou internationale. L'Église intemporelle pensait transcender l'actualité. Il faut prendre la mesure de ce changement historique, en discerner le sens.
Le tournant de l'information religieuse
Au Figaro, Pierre Brisson, qui marqua la presse de l'après-guerre, tenait l'information religieuse pour marginale, étrangère au journalisme. Il maintenait cette rubrique dans la convention et la parcimonie. La religion lui paraissait affaire intemporelle, étrangère aux «nouvelles» qui sont l'objet de la presse.
Et voici que le nouveau surgit avec Jean XIII.
Pourquoi ce tournant ?
Le 25 janvier 1959, le pape, élu depuis 3 mois, âgé de 77 ans, annonce familièrement à quelques cardinaux la prochaine convocation
1 Ce rapport se heurtait à de grandes difficultés. Les premières étapes de l'information furent longtemps officieuses et n'ont pas laissé de traces. Il faut interroger les mémoires, avec les aléas de l'oubli, qui ne permettent pas d'établir des dates précises pour la période pré-conciliaire. Pour cette période antérieure au terrain solide, je suis particulièrement reconnaissant à Mgr Vallainc et à Max Bergerre de leurs irremplaçables informations, ainsi que Mgr L. Pastore, M. le Directeur et les responsables de l'actuel Officio Stampa.