L’objet est un témoin des soucis du monde occidental : il permet une certaine approche des réalités anthropologiques des populations non chrétiennes. Il permet d’éduquer le peuple français, et, en cela, des associations jouèrent un rôle non négligeable, dont celle animée par Madeleine Rousseau. On chercha à montrer une Afrique vivante à un large public de travailleurs, en s’appuyant également sur des personnalités africaines et caraïbéennes célèbres, dans une approche idéaliste bien éloignée de celle poursuivie par les marchands et les missionnaires. L’ambiguïté de l’objet africain : objet d’art ou objet de civilisation, rappelle les différentes étapes suivies par les grands collectionneurs africains au cours du xxe siècle, ainsi que leurs modes d’expression, tournant autour de l’esthétique et de la beauté. L’auteur rappelle que le musée a la charge de présenter l’objet dans son contexte historique et ethnographique et qu’il doit faire parler les cultures. Toutefois, dans les musées, les objets mènent une seconde vie, dans laquelle les collectionneurs jouent un rôle certain. Le livre s’achève par la présentation que Yaya Savané réalise autour des grandes expositions d’art africain de la fin du xxe siècle organisées dans le monde occidental, soulignant qu’elles ont fini par accorder une réelle notoriété à plusieurs artistes africains contemporains, formés dans les écoles des beaux-arts, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives à l’art de ce continent et permettant à certaines de ces oeuvres récentes d’entrer dans les collections des musées occidentaux. Josette RIVALLAIN

CARAIıBES

ALANTE-LIMA Willy, Melvil-Bloncourt : Le communard mariegalantais ? Saint-Maur-des-Fossés ; Éditions Sépia, 2014, 212 p., ISBN 978-2-84280-233-2.

Au cours de sa carrière, Willy Alante-Lima a écrit dans plusieurs genres littéraires ¢ la poésie en vers et en prose, le conte, la nouvelle et le roman ¢

toujours sur des thèmes antillais. En tant qu’historien littéraire, il a consacré deux ouvrages biographiques au poète guadeloupéen célèbre Guy Tirolien. Plus récemment, il a pris à tâche de faire sortir de l’obscurité deux compatriotes qu’il trouve dignes d’être connus : Alexandre Privat d’Anglemont, un auteur de poèmes, de contes et d’études de moeurs parisiennes, le premier Guadeloupéen qui a pu, au xixe siècle, acquérir une certaine renommée comme homme de lettres en France, et Sainte-Suzanne Vicomte Melvil-Bloncourt, politicien, soldat et homme de lettres. Melvil-Bloncourt fut le fils naturel d’une femme de couleur et d’un créole de bonne famille dont l’identité n’est pas connue. Selon Alante-Lima, sa jeunesse reflète un certain aspect de la réalité sociale des colonies antillaises : «[ l’] origine paternelle ... de Melvil-Bloncourt nous permet de comprendre ... comment lui, jeune Guadeloupéen de couleur, a pu alors poursuivre à Louis-le-Grand ses études de lycéen » (15) et étudier ensuite le droit. Grâce à sa bonne formation, à son intelligence et à l’expression éloquente de ses idées républicaines accusées,

comptes rendus 377

Outre-Mers, T. 102, No 384-385 (2014)