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Barré-de Miniac (Christine), Lété (Bernard) (Eds.). - L'Illettrisme. De la prévention chez l'enfant aux stratégies de formation chez l'adulte

[compte-rendu]

Année 1999 126 pp. 171-173
Fait partie d'un numéro thématique : L'acquisition/apprentissage de l'orthographe
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NOTES CRITIQUES

BARRÉ-DE MINIAC (Christine), LÉTÉ (Bernard) (Eds.). - L'Illettrisme. De la prévention chez l'enfant aux stratégies de formation chez l'adulte. - Paris ; Bruxelles : INRP ; De Boeck Université.

L'ouvrage dirigé par Christine Barré-de Miniac et Bernard Lété vient à point nommé. Les difficultés rencontrées dans l'usage de l'écrit ont fait l'objet, au cours de ces dernières décennies, de trop d'effets d'annonces médiatiques, de trop de spéculations et de recherches superficielles, de trop d'entreprises hasardeuses de remédiations, dont certaines, bénéficiant de l'aide publique, ont opportunément, pour les institutions concernées, pris le relais des campagnes d'alphabétisation des années 60, pour ne pas rendre éminemment nécessaire l'important travail de clarification qu'ils ont entrepris en réunissant une vingtaine de contributions émanant de la recherche universitaire et de la recherche de terrain.

Comme le souligne Christine Barré-de Miniac, dans une introduction qui justifie les orientations et les choix retenus, ce travail s'inscrit dans une double perspective, d'une part de recherche de points de rencontre entre chercheurs et acteurs sociaux, d'autre part de lutte contre les conceptions réductrices et médiatiques, pour ne pas dire lucratives, des discours et des publications à la mode. Christine Barré-de Miniac démontre la nécessité d'articuler la réflexion autour de quatre axes : la diversité des approches du fait de la complexité du phénomène, le souci de la prévention, dès l'école et autour de l'école, la prise en compte des spécificités de « l'ordre graphique » et une dynamique d'interactions entre théorie et pratique, les recherches théoriques contribuant, dans le meilleur des cas, à éclairer les pratiques, et ces dernières posant à la recherche des questions inspirées par la connaissance du terrain, en l'occurrence, ici, l'hétérogénéité d'une population peu ou mal « acculturée » à l'ordre scriptural.

Dans une première partie consacrée à une réflexion « autour des mots illettrisme et illettrés », Yvonne Johannot, s'appuyant sur des pratiques de formation s'adressant à des travailleurs sociaux en contact avec des publics en difficulté avec l'écrit, insiste, dans le prolongement de ses recherches antérieures, sur la dimension culturelle des problèmes posés par l'illettrisme en analysant la représentation de l'écrit dans notre culture

et en soulignant à quel point l'objet-livre, support privilégié de l'écriture, institue « des rapports symboliques à la matière, à l'espace et au temps qui sont des rapports primordiaux définissant une culture ». Catherine Frier, dans le prolongement de ses travaux de thèse, s'interroge sur la signification des discours caricaturaux de la presse sur l'illettrisme et montre à quel point ils nous renseignent, à travers leurs métaphores catastrophistes, sur les malaises d'une société ayant perdu ses repères. De ce point de vue, les problèmes posés par le rapport à l'écrit concernent tout le monde. C. Frier propose d'inverser les données : pour pouvoir lire-écrire, il faut d'abord être reconnu comme sujet autorisé à le faire. Il faut aussi que, parallèlement, la culture de l'oralité ne soit pas dépréciée.

Benoît Falaise et Bernard Lahire s'interrogent, chacun à leur manière, sur la légitimité et l'intérêt des discours critiques sur l'illettrisme. Sans dénier leur intérêt, B. Falaise, s'appuyant sur son expérience du GPLI (Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme, fondé en 1984), plaide pour leur substituer un travail de recherche sur les réalités de l'illettrisme et montre que l'administration, c'est-à-dire, en fait, le « politique », est le mieux à même de concilier savoirs scientifiques et savoirs d'expérience. B. Lahire s'inscrit aussi dans une perspective d'articulation entre recherche de laboratoire et actions de terrain, plus précisément entre les « mots », utilisés par les sociologues pour analyser, et les « choses », vécues sur le terrain. Les préoccupations épistémologiques de B. Lahire l'amènent à souligner la nécessité d'une objecti- vation du discours de la sociologie sur l'illettrisme, seule garante de la pertinence d'un travail sur les discours.

La deuxième partie de l'ouvrage, importante par son volume (environ 150 pages), est consacrée à ce qui est présenté comme des activités de prévention de l'illettrisme « à l'école et autour de l'école ». Sans tomber dans l'excès qui consiste à élargir la notion d'illettrisme aux difficultés d'apprentissage de l'écrit à l'école, les auteurs s'accordent à considérer que l'école a un rôle important à jouer pour que les difficultés rencontrées par certains élèves ne portent pas en germe une rupture avec l'ordre scriptural, générateur d'échec scolaire et, plus tard de difficultés sociales. L'analyse de ces difficultés et la recherche des

Revue Française de Pédagogie, n° 126, janvier-février-mars 1999, 171-201 171

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