Couverture fascicule

Georges Baudot, María Águeda Méndez, Amores prohibidos, la palabra condenada en el México de los virreyes

[compte-rendu]

Année 1998 100-1 pp. 204-205
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. México, Siglo XXI éd., 282 p.

Les spécialistes de littérature espagnole et latino-américaine connaissent bien les difficultés que présentent l'approche et la définition de « lo popular », mais aussi et avant tout la découverte de ses expressions du passé qui, pour avoir échappé souvent à l'écrit et en tout cas à l'imprimerie, ont pour la plupart disparu. Les deux auteurs de ce livre ont eu l'heureuse idée d'aller le traquer dans les archives de l'Inquisition mexicaine tout au long d'une période clé et de grande ébullition sociale de l'histoire américaine, c'est-à-dire du début du XVIIIe siècle jusqu'à la veille de l'Indépendance. En effet, à l'occasion des procès intentés par le Saint Office, lui fut remise, a été recopiée ou saisie dans des circonstances parfois rocambolesques qui nous sont rapportées, une masse considérable de poésies de nature très diverse dont la finalité, à l'évidence, n'était pas d'être un jour publiée étant donné son caractère licencieux, contestataire ou hétérodoxe. Elle était l'œuvre soit d'auteurs inconnus, soit la plupart du temps de simples justiciables de la machinerie inquisitoriale dont la littérature était loin d'être une préoccupation : militaires, commerçants, employés, artisans, fonctionnaires, prêtres.

Il y a quelques années, les deux auteurs de ce livre nous avaient déjà donné dans plusieurs articles remarqués de savoureux avant-goûts de leur recherche. Ils ont rassemblé ici des milliers de vers, pour la plupart des octosyllabes, de la veine érotico-burlesque. Sans être en général la manifestation de croyances véritablement hétérodoxes et à cet égard condamnables, ils sont plutôt l'expression pleine de vie et de verve, selon les auteurs, d'une « jubilosa y desenfadada falta de respeto hacia los mandamientos de la religión y hacia su reflejo social ». Si les inquisiteurs espéraient ainsi pourchasser d'éventuelles déviations idéologiques, mettre un frein à l'effervescence incontrôlée de l'expression et réduire autant que faire se pouvait le relâchement des conduites festives, ils nous permettent en fait aujourd'hui de connaître un peu mieux les thèmes et les mécanismes de l'imagination populaire qui semble s'être donné libre cours au fur et à mesure que l'on avançait dans le siècle et que le questionnement implicite ou sans fard de la norme, sous toutes ses formes, devenait plus hardi.

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