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Historiographie allemande moderne et contemporaine

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180 Rapports sur les conférences 1996-1997 — Roger DUFRAISSE, Michel KERAUTRET

HISTORIOGRAPHIE ALLEMANDE MODERNE ET CONTEMPORAINE

Directeur d'études : M. Roger DUFRAISSE

Intervention de M. Michel KERAUTRET, agrégé de l'Université

Programme de l'année 1996-1997 : Bismarck, mythe et réalités les jeudis de 10 h à 12 h.

La conférence de 1996-1997 avait pour thème : « Bismarck : mythe et réalités ». Elle s'est limitée à l'étude du personnage entre 1849 et 1871, période durant laquelle il a été successivement député, diplomate, ministre-président de Prusse, chancelier fédéral, principal artisan de la destruction de la Confédération germanique, à laquelle il substitue une Confédération de l'Allemagne du Nord (1867), puis un Empire allemand (1871), tous deux soumis à l'hégémonie de la Prusse. On s'est attaché à montrer que, contrairement à ce qu'ont cru nombre d'historiens, fascinés par les succès du chancelier de fer, tout dans son œuvre ne s'est pas ordonné selon sa volonté ou conformément aux intentions qu'on lui a prêtées.

En effet, Bismarck n'a pas pu toujours agir selon ses désirs. Les relations de Bismarck avec les souverains prussiens qu'il a servis jusqu'en 1871, Frédéric-Guillaume IV et Guillaume Ier ont été aussi tumultueuses que celles de Louis XIII avec Richelieu. En outre, la conjoncture politique l'a aussi conduit, plus d'une fois, à modifier les plans qu'il avait conçus.

Par exemple, au Landtag de Prusse, en 1849, il n'approuvait la politique « d'union restreinte » (une Allemagne unifiée sans l'Autriche) de Frédéric-Guillaume IV et de ses conseillers et se montrait, au contraire, partisan acharné d'une entente entre la Prusse et l'Autriche, à ses yeux, alors, le seul parti raisonnable.

Représentant de la Prusse à la diète de Francfort (1851) chargé par son gouvernement de rétablir de bonnes relations entre les cours de Vienne et de Berlin, il ne tarde pas à comprendre que l'Autriche ne le veut pas. Dès lors, il n'abandonnera plus l'idée selon laquelle il n'y a pas de place pour les deux pays en Allemagne et qu'il faut se préparer à l'affrontement qu'il juge inéluctable et, pour cela, rechercher des alliances et, en premier lieu, celle de la France, bien que celle-ci ne lui inspire guère de sympathie. Ses vues s'opposent alors à celles des conservateurs et du prince Guillaume, devenu régent en octobre 1858, fermement opposés à toute politique antiautrichienne et profrançaise.

Appelé, en 1862, à diriger le ministère prussien, pour résoudre un problème de stricte politique intérieure, il y parvient non sans heurter le roi à plusieurs reprises. Il place toutefois au premier plan le problème extérieur. Tout en faisant savoir à Vienne son désir d'améliorer les relations entre les deux pays, il s'accroche fermement à l'idée que la place de l'Autriche n'est plus en Allemagne, mais dans l'espace danubien et balkanique. Il lui faut, pour parvenir à ce but, obtenir l'accord de la France, celui de l'Angleterre, de la Russie. N'est-il pas sympto- matique, à cet égard que, dans les écrits des historiens allemands qui ont étudié l'œuvre de Bismarck entre 1862 et 1871, la majorité des pages soient consacrées à la politique étrangère ?

Une fois l'Autriche vaincue dans ce qui peut apparaître comme une guerre civile allemande (1866) et une fois réglée la question de la suprématie en Allemagne, il doit, de nouveau, s'opposer à son souverain, Guillaume Ier qui rêve d'accroissements territoriaux aux dépens du vaincu et, surtout, empêcher Napoléon III de limiter les effets de la victoire prussienne.

En 1871, après l'écrasement de la France qui achève l'unité de l'Allemagne au profit de la Prusse, Bismarck a le plus grand mal, en dépit du soutien de la majorité de l'opinion, à restaurer l'institution impériale au bénéfice des Hohenzollern. Il lui faut, pour cela, vaincre, avant tout, la résistance de son souverain Guillaume Ier qui craint de voir la Prusse perdre son identité dans un Empire allemand.

École pratique des Hautes Études (Sciences historiques et philologiques), Livret-Annuaire 12, 1996-1997

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