L’Homme préhistorique et l’environnement

La question du climat (variations de température) et de la flore durant la préhistoire n’est pas abordée dans les manuels scolaires français. Celle de la faune n’est envisagée que du point de vue alimentaire. Les connaissances scientifiques sont quasi inexploitées et l’environnement est traité uniquement en tant que ressources (alimentation) ou problème (survivre dans un environnement hostile) : on retrouve le thème classique de l’Homme contre la Nature. Le discours est anthropocentriste ce qui interdit toute approche éco-systémique. La faune n’est ni située chronologiquement ni en fonction du climat ; elle est très souvent réduite à une liste de quelques animaux emblématiques ce qui favorise la vision d’un milieu pauvre en ressources. Les visuels proposés dans les manuels supplantent l’absence d’information en renforçant des représentations sociales erronées.

La relation entre l’Homme et son environnement est pourtant une question d’actualité au regard des enjeux environnementaux contemporains. Elle pourrait faire l’objet d’une approche croisée :

  • Une frise verticale (celle du temps) qui comprendrait une bande avec les différentes variations climatiques de la préhistoire à nos jours. Des images de la flore et de la faune pour chaque période seraient mises en correspondance ce qui permettrait un travail d’association, de comparaison tout en proposant des représentations plus conformes au savoir savant : interroger et comprendre le présent à partir du passé.
  • Une vision écosystémique et non plus anthropocentrée qui pourrait s’inscrire dans une éducation relative à l’environnement[1](à la croisée d’une éducation par l’environnement et pour l’environnement) : il faut sortir de la représentation manichéenne Homme/Nature et montrer par exemple que les préhistoriques « géraient » leur « niche écologique »[2].
  • La question du régime alimentaire des préhistoriques mise en corrélation avec les fossiles et pourquoi pas une éducation à l’alimentation (équilibre alimentaire) pour travailler les représentations.
  • La diversité de la faune et de la flore : la préhistoire est une époque d’abondance et non pas de pénurie. Contrairement aux manuels français, et c’est la seule différence, le mode de vie au paléolithique est présenté de façon idyllique en Espagne (Sierra, 2013, P.8).
  • Au lieu de faire apparaître le néolithique comme le résultat d’un processus unique et simpliste (limité au Proche-Orient et à l’Europe), en l’associant à l’arrivée de la civilisation et donc du progrès, il faudrait interroger les différents modèles scientifiques : montrer en quoi les processus de sédentarisation, d’agriculture et de domestication ne sont pas concomitants et qu’ils ne se mettent pas en place partout de la même façon. Il serait bien aussi, dans un esprit d’objectivité, de mentionner qu’il a existé des retours en arrière et que ces processus ont aussi de nombreuses conséquences négatives (hiérarchisation de la société, domination d’une minorité, apparition de la guerre, développement des maladies, etc.). Toutes ces informations n’apparaissent ni dans les manuels français ni espagnols (Sierra, 2013, p.9-10).
  • Les âges des métaux devraient être traités plus en détail que ce n’est le cas dans les manuels français et espagnols, car, au même titre que la révolution néolithique, l’apparition du métal a été un moment de rupture dans l’histoire de l’humanité.

[1] L’ErE a pour objet les relations personne-société-environnement, et notamment le concept d’écosociodéveloppement de notre planète, où le développement y est associé à la prise en compte des principes écologiques de base et à une éthique écologiste basée sur les valeurs d’autonomie, de solidarité et de responsabilité à l’égard des réalités socio-environnementales.

http://www.lmg.ulg.ac.be/competences/chantier/ethique/eth_envir.html Consulté le 3 février 2016.

[2] Pour les Néandertaliens du Périgord Noir, nous disposons grâce au déplacement des matières premières (principalement le silex), d’une cartographie des mouvements entre une zone principale d’occupation et des zones saisonnières avec la possibilité, en fonction des durées de préciser les préférences (Depaepe, 2009).



Citer ce billet
Philippe de Carlos (2016, 29 juillet). L’Homme préhistorique et l’environnement. Didactica préhistorica. Consulté le 18 avril 2024, à l’adresse https://doi.org/10.58079/t0cv