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Carmen Bernand, Un Inca platonicien. Garcilaso de la Vega (1539-1616)

[compte-rendu]

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CM.H.LB. Caravelle

Carmen BERNAND.- Un Inca platonicien. Garcilaso de laVega (1539-1616).- Paris, Fayard, 2006.- 387 p.

L'auteur, le personnage et le sujet abordés par C. Bernand montrent ici tout leur pouvoir de fascination. Ce livre instructif, médité, à la vaste bibliographie, développe, mais sur le mode impressionniste, une thèse séduisante à la fois que sujette à discussion.

Garcilaso de la Vega el Inca, ce fils d'un conquistador d'Estrémadure et d'une princesse inca, après son enfance dans un Pérou chaotique et interminablement déchiré, a gagné, pour y terminer sa vie, la propriété familiale de son onde, à Moncilla. Métis de naissance, d'expérience et de culture, devenu chevalier d'Espagne et écrivain de langue castillane, Garcilaso apparaît comme un historien « passeur », un de ces mémorialistes médiateurs qui, à partir d'une situation de « dominé », ou du moins prenant en compte la « vision des vaincus », ont été amenés à établir la jonction entre deux ou plusieurs mondes. On peut l'inscrire à la suite des Grecs Hérodote ou Polybe, des Juifs hellénistiques et romanisés Philon d'Alexandrie et Flavius Josèphe, ou du Gréco-Romain Plutarque — autant d'auteurs qu'il avait lus. Comme eux, Garcilaso, partie prenante des événements de son temps, confronte et met en perspective des civilisations très éloignées, que l'histoire vient de rapprocher et souvent subordonner l'une à l'autre. Comme ils l'ont souvent fait, il se réfère à des analogies et à des réflexions tirées d'un lointain passé. Chrétien de son époque et de son milieu, il est conduit dans ses oeuvres à rendre compte, non sans fierté, des racines indissolublement grandioses et païennes de son peuple.

L'ampleur et la diversité du labeur de l'Inca apparaissent dans ses ouvrages, ainsi que le rappelle l'A. : en 1 590 paraît à Madrid sa traduction (de l'italien toscan) des Dialogues d'amour An Juif platonicien né en Espagne sous le nom de Juda Abravanel et exilé en Italie, Léon l'Hébreu ; en 1596, à Cordoue, la généalogie intitulée Relation de la descendencia de Garci Pérez de Vargas ; en 1 605, à Lisbonne, La Florida del Inca, qui rapporte le tragique échec de la conquête menée sous la conduite de Hernando del Soto. Enfin, en 1609 est publiée, toujours à Lisbonne, la première partie de son œuvre majeure les Comentarios reaies, dont le titre ambitieux est démarqué du César de la Guerre des Gaules. Un an après sa mort paraît, complément des Comentarios, son Historia general del Peru (Cordoue, 1617).

C. Bernand n'a pas écrit une biographie politique, encore moins littéraire. Elle renvoie aux ouvrages de J. G. Varner (1968), A. Miré Quesada (1971 et 1994), José Durand et E. Pupo Walker (1982). Forte d'une bibliographie très riche sur la conquête et ses suites, elle reconstitue avec une grande minutie la période troublée qui, au Pérou, précède le départ de Garcilaso pour l'Espagne. De ce récit fourmillant émerge une impression de confusion à la fois catastrophique et créatrice qui n'a pu, montre l'A., qu'influencer puissamment l'œuvre ultérieure de l'Inca : une mère répudiée et, apparemment, vite oubliée ; un père brillant mais

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