COMPTES RENDUS
Philosophie du moyen âge
Dominique Doucet, Augustin. L'expérience du verbe (Bibliothèque des philosophes). Un vol. de 192 pp. Paris, Vrin, 2004. Prix: 18 €. ISBN: 2- 7116-1721-1.
Que le nom d'Augustin serve de titre laisse supposer que cette monographie est une introduction générale à sa pensée. C'est bien là sans doute son ambition, mais qu'il remplit d'une manière inattendue. Pas de rubriques traditionnelles pour parcourir les grands thèmes philosophiques traités par Augustin ou d'approche chronologique qui passe en revue les grandes œuvres d'Augustin, à la manière des désormais très classiques introductions d'É. Gilson ou de G. Madec. C'est par une succession de schemes en emboîtements que l'auteur entend montrer la manière dont la pensée de l'évêque d'Hippone s'élabore par le jeu d'une utilisation poétique de la langue et par la reprise de notions et de doctrines philosophiques héritées du néoplatonisme et adaptées au christianisme. Le livre suit en somme la manière dont la pensée d'Augustin se construit: non pas didactiquement et selon une articulation systématique des notions étudiées, mais par la reprise sous forme de ritournelles qui traversent tout l'œuvre de quelques mots articulés entre eux pour penser le temps, le monde, l'homme et Dieu {expectatio-attentio-inten- tio; creatio-formatio-conversio; similitudo-dissimilitudo; esse-nosse-velle, etc.). Ce sont surtout les premières œuvres d'Augustin, les Dialogues philosophiques particulièrement, le De vera religione et les Confessions qui sont parcourus (avec une petite pointe de temps à autres vers une œuvre tardive, le De Trinitate) pour voir comment s'y entrelacent les schemes progressivement dégagés. Le scheme est en somme une structure organisée, un réseau de concepts soigneusement reliés entre eux, qui sert de modèle pour décrire et comprendre plusieurs dimensions, existentielle, théologique ou spirituelle, de la réalité. L'analyse progresse du scheme jugé le plus englobant, «événement-présence-permanence», vers d'autres plus circonstanciés et pointus, mais qui tendent paradoxalement vers les éléments les plus élevés de la méditation augustinienne.
Dans le chapitre I, «Confesser», Dominique Doucet étudie donc le scheme «événement-présence-permanence» qui lie l'expérience d'Augustin, sa naissance et sa vie, à la présence et à la permanence divine. C'est dans les Confessions, bien sûr, que l'événement tient la place la plus essentielle. Le texte est d'abord destiné à être lu et celui qui lit cette confession la réactive. Cette dimension «étho-poétique» d'un texte qui est d'abord un objet de pratiques spirituelles constitue le sens le plus fort de sa dimension
Revue Philosophique de Louvain 105(3), 469-496. doi: 10.2143/RPL. 105.3.20228 15 © 2007 Revue Philosophique de Louvain. Tous droits réservés.
