SULLY-SUR-LOIRE (Loiret). Le château, la grosse tour
La commande par le conseil général du Loiret, propriétaire du site depuis 1962, d'une étude architecturale et historique du site du château de Sully-sur-Loire, préalablement à des travaux de restauration et de mise en valeur, a donné lieu, en mai 1994, à une opération d'évaluation archéologique. Confiée à l'AFAN (associa¬ tion pour les fouilles archéologiques nationales) par le SRA du Centre, elle portait exclusivement sur la «grosse tour » de Philippe Auguste dont l'allure générale et son positionnement approxima¬ tif dans la basse-cour du château nous sont dévoilés par des gravures et fresques du xviie siècle.
Ce diagnostic a permis la localisation précise de la tour, l'identification des principales structures qui s'y rattachent, et de juger du bon état de conservation permettant, après fouille, une éventuelle mise en valeur ultérieure des vestiges.
Édifiée d'après deux actes vers 1217-1218, détruite en 1718 pour laisser place à des jardins, elle présente un niveau d'arase¬ ment situé à hauteur de la salle basse. Cylindrique, d'un diamètre de 12 m, talutée à sa base, la tour ainsi conservée sur 5,20 m présente une maçonnerie épaisse de 4,10 m constituée d'un blocage de rognons de silex avec parement externe de pierres de taille calcaires, et une salle basse de 3,75 m de diamètre pour une élévation de 2 m correspondant à son état d'origine.
La tour est dotée d'un fossé circulaire large de 6 m et de 4,80 m à la base, d'une profondeur estimée à 5 m (le fond pavé ( ?) n'ayant pu être reconnu) accompagné d'un mur de contrescarpe en appareil de moellons calcaires qui présente la particularité d'avoir un plan polygonal. La tour possède un puits en œuvre situé à l'Est, toujours fonctionnel, ayant de ce fait facilité les repérages de cette dernière. L'un des deux accès lié au franchis¬ sement du fossé a pu être identifié au Sud grâce au négatif d'un artifice de récupération dans la maçonnerie de la tour.
Les sondages ont permis, en outre, la reconnaissance de niveaux stratigraphiques s'étageant du xiie-xiiie siècle à nos jours. L'intégration cependant de la grosse tour au système défensif général rattaché au château édifié avant le xive siècle, dont le plan est inconnu, reste à préciser.
Par ses dimensions, la grosse tour de Sully, jalon de la voie de pénétration de l'ancien domaine royal français dans les nouvelles acquisitions de Sologne et du Berry, se place dans les moyennes basses des donjons royaux édifiés sous Philippe Auguste, telles les tours de Vernon (Eure) et de Chinon (Indre-et-Loire), et du point de vue fonctionnel (présence d'un puits en œuvre) à la tour de Dourdan (Essonne). (Responsable de la fouille : Jocelyne Vilpoux.)
