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La « Vicomté de Rennes » : origines et vicessitudes

[compte-rendu]

Année 1985 35-4 pp. 379-380
Fait partie d'un numéro thématique : L'Orne industrielle XVIIIe-XXe siècles
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DROIT DES PAYS DE L'OUEST 379

M. Duval, docteur en Droit. — La « Vicomte de Rennes » : origines et vicessitudes.

« La Vicomte de Rennes est une chimère que l'ignorance de Le Baud a formée et que l'ambition (des La Tremoille) soutient » écrit le jurisconsulte P. Hévin dans ses « Questions Féodales ». En Bretagne, en effet, cette titulature avait de quoi surprendre dans une province où le pouvoir vicomtal n'avait jamais revêtu l'ampleur et la précocité signalées en Normandie. Comment expliquer, alors que dans son arrêt du 28-11-1689, le Parlement de Bretagne ait reconnu aux seigneurs de Laval des droits de supériorité à Rennes intra-muros dans l'ancienne église de Toussaints, droits qui leur furent confirmés ultérieurement (1702) par les commissaires à la réformation du domaine ? A cette époque, la « Vicomte » s'étendait encore sur le territoire de trois paroisses, une au nord de la Vilaine (Saint-Germain-Rue Haute), deux au sud (Saint-Hélier et Toussaints). Cette seigneurie, dotée d'une haute justice, disposait d'une barre autonome dans les logis de la prévôté depuis 1456. Cependant, elle n'était point homogène. La déclaration de 1682 revendique en sa faveur à la fois des droits de sergentise sur les étagers du faubourg de la Madeleine, des coutumes aux entrées de la ville et des exemptions (foire de Villeneuve) participant des droits comtaux. Toutefois certaines prestations (droits sur les lépreux de la Madeleine, oblations aux fêtes solennelles en l'ancienne église de Tous- saints) ne revêtaient plus en 1720 qu'un caractère honorifique, d'ailleurs fort suspect.

Aux yeux de P. Hévin, les barons de Vitré n'auraient jamais été à Rennes que de simples vicaires, ou lieutenants à gages. C'est oublier qu'André II de Vitré, qui avait épousé Alix de Bretagne, s'était fait reconnaître par le roi Louis IX ses droits sur plusieurs cantons de la Forêt de Rennes et sur ses anciens fiefs de Rennes, ainsi que divers dédommagements pour les dégâts occasionnés par le baillistre P. Mau- clerc, lors de la construction de ses forteresses tant à Saint- Aubin-du- Cormier qu'à Rennes (Crépy en Valois, 1237). En 1347, le duc Charles de Blois s'interdissait formellement de porter préjudice aux « noblesses et libertés » des sieurs de Laval en Bretagne et de lever aucun subside sur ses fiefs de Rennes sans son autorisation.

L'édification de la troisième enceinte de Rennes (1444), en englobant k- quartier de Toussaints jusqu'à l'ancien cours de la Vilaine, devait entraîner de profondes modifications dans la structure des faubourgs méridionaux où était possessionné le baron de Vitré : certaines portions de l'ancien boulevard de Toussaints, l'église elle-même, naguère encore extra-muros, et son cimetière avec quelques maisons furent alors incluses dans la cité, au témoignage du nouveau terrier et du plan d'Argen- tré. Pour permettre l'élargissement de ce boulevard, le comte de Laval consentit en 1506 à une transaction se réservant toutefois certaines prestations de supériorité (rente, écusson, prières à Toussaints, etc..) purement honorifiques. Dès avant le XVIe siècle en effet, l'antique fief de Vitré à Rennes avait été vidé par aliénations d'une notable part de son importance. Ce sera l'inclusion de ce qui subsistait de ces anciens héritages dans le principal du nouveau marquisat d'Epinay, à la suite de son rachat par les La Tremoille en 1633, qui devait retourner subitement la situation en faveur des seigneurs de Laval, en les rendant possesseurs des biens importants de cette ancienne sergentise ducale au comté de Rennes. Cette famille d'Epinay, avant d'acquérir et

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