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Imitation et représentation graphique du corps chez des enfants sourds

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Année 1977 31-332 pp. 202-204
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Imitation et représentation graphique du corps chez des enfants sourds

Michel DELEAU

Le développement du langage modifie-t-il celui des conduites non verbales de représen¬ tation ? Telle est la question qui a orienté l’ensemble de ce travail.

Poser ainsi la question c’est accepter l’idée selon laquelle il n'y a pas nécessairement uni¬ cité d'origine ni de développement des condui¬ tes de représentation.

Unicité d’origine d’abord : c’est l'hypothèse selon laquelle toutes les conduites de repré¬ sentation dérivent d’une même source qui ré¬ side dans le pouvoir de produire des symboles et des signes, que l’espèce confère à l’individu.

Mais cet individu se trouve jeté d'emblée dans un univers où les conduites et les objets symboliques sont présents partout.

On peut alors se demander dans quelle me¬ sure ces objets, extérieurs à l'individu et qui lui préexistent, vont exercer une influence réelle sur la façon qu’il aura de produire ou d’utili¬ ser les systèmes de symboles et de signes.

Unicité de développement ensuite. C’est une question qui concerne les rapports entre acti¬ vités cognitives et représentation, question que l'on peut formuler ainsi : le développement des activités de représentation est-il une consé¬ quence directe du développement cognitif ou bien a-t-il ses conditions spécifiques à rappor¬ ter — en partie au moins — aux techniques de représentation existant dans le milieu social ?

Dans la première hypothèse — dont l'expres¬ sion la plus complète nous est fournie à l’heure actuelle par les travaux de Piaget et de son école — le développement des activités sémio¬ tiques doit être relativement peu affecté par la présence ou l’absence de contact avec telle ou telle technique particulière de représentation.

Dans la seconde, au contraire, si le contact avec les techniques de représentation utilisées par les adultes modifie le développement des activités sémiotiques chez l'enfant, on pourra concevoir qu'il existe une régulation relative¬ ment autonome de ce secteur du développe¬ ment et qu’il entretient avec le développement cognitif des rapports d’interaction (au sens d’une construction réciproque).

Si la question initiale fait référence à ces problèmes généraux, elle les situe toutefois dans un domaine limité en restreignant l’objet l’étude aux influences exercées par le langage.

C’est une première condition pour tenter d'opérationnaliser le problème. La spécificité du langage comme système de signes arbitraires sa généralité en tant que phénomène humain, son importance quantitative dans les contacts entre l’enfant et son entourage en font, c'est l’évidence, une cible privilégiée : si les objets et les conduites de représentation offerts à l’en¬ fant par son milieu ont une quelconque in¬ fluence sur le développement individuel des activités sémiotiques, c’est sans doute dans le cas du langage que ces influences sont suscep¬ tibles d’être les plus importantes et les plus commodément observables.

Cependant, le fait d'assigner un champ limité à la recherche n'est évidemment pas suffisant à soi seul. Il est nécessaire en outre de dispo¬ ser par rapport à ce champ, d'un cadre métho¬ dologique susceptible de dégager de telles influences.

Or, le recours à la méthode génétique seule ne paraît pas pouvoir fournir un tel cadre : que l'on procède à des coupes transversales ou que l'on suive des développements indivi¬ duels de façon longitudinale, il est toujours très difficile, en règle générale, de dépasser le constat de la concomitance entre les divers aspects du développement parce qu'il est sou¬ vent impossible, techniquement, de dissocier les facteurs en jeu dont on cherche à apprécier l'influence à long terme.

C'est par le recours à la situation particulière des enfants sourds qu’il m’a semblé possible d'atteindre un tel objectif : la surdité pro¬ fonde précoce en effet, est une des rares si¬ tuations qui mette en jeu une absence à long terme (ou du moins une restriction extrême¬ ment considérable) des contacts avec les mo¬ dèles linguistiques, en particulier pendant toute la période normale d’apprentissage du langage ; et ceci chez un sujet dont les potentialités nerveuses peuvent ne pas être touchées.

On peut donc disposer ainsi, d'un moyen d'analyse des effets à long terme de la pratique des activités verbales qu'il n’est pas pos¬ sible de trouver dans les conditions habituelles du recours à la méthode génétique. Cette der¬ nière couplée avec une méthode comparative va

(*) Rapport de soutenance d’une thèse de Doc¬ torat de 3e cycle, soutenu le 10-12-76 à l’Université de Paris V, René-Descartes et préparée sous la di¬ rection de M. le Pr Oléron.

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