Couverture fascicule

Joseph Picot. — L'abbaye de Saint-Pierre de Lyon

[compte-rendu]

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COMPTES RENDUS

. Paris, Belles lettres, 1970, vi-264 pp. (« Bibl. Fac. Lettres de Lyon », 24).

On sera d'accord avec Marcel Pacaut lorsque celui-ci rappelle, dans sa préface à ce livre, que nous savons encore bien peu de chose sur l'histoire du monachisme. La présente monographie sera donc la bienvenue ; elle regarde un de ces nombreux monastères médiévaux qui ne se trouvèrent pas au centre du développement monastique. Aussi ce qu'un spécialiste de l'histoire locale propose comme informations en une monographie de cette nature apparaît-il également nécessaire pour la connaissance des monastères principaux. Il existe encore de grandes lacunes dans la recherche concernant en particulier les communautés de femmes du moyen âge. Il faut donc saluer avec reconnaissance l'ouvrage écrit sur le monastère féminin de Saint-Pierre de Lyon par J. Picot, spécialiste de l'histoire de Lyon et du Lyonnais. Cette maison, basée sur des origines obscures aux temps mérovingiens, passait pour un bon monastère à l'époque de Leidrad et, après sa rénovation au xme s., assuma encore un rôle important dans l'histoire de Lyon et de la région. Les informations les plus riches que fournisse l'auteur concernent les xme et xive s. Provenance (familiale et régionale) des abbesses et des religieuses ; possessions et seigneurie de l'abbaye ; vie des moniales ; vision que la maison a d'elle-même, attribuant sa fondation à Ennemond de Lyon (la datation proposée par J. Picot pour le <c testament » d'Ennemond demeure à notre avis hypothétique) ; rapports enfin des familles nobles, de la ville et du Lyonnais, avec le monastère. Au regard des xne-xnie s., des questions importantes demeurent toujours sans réponse. L'abbaye n'a-t-elle joué aucun rôle à l'époque du mouvement vaudois ? Pierre Valdès envoyait ses filles, non à l'abbaye de femmes de Lyon, mais à Fontevraud...

Entre les débuts, fort obscurs, de l'abbaye à l'époque mérovingienne et les xme-xive s., il y aurait encore à éclairer maint problème essentiel de l'histoire de cette maison, au-delà de ce à quoi J. Picot a abouti. La conjecture de l'auteur relative à l'origine de la vie bénédictine à Saint-Pierre (adoption de la règle bénédictine à l'époque de Benoît d'Aniane, p. 20) aurait gagné en vraisemblance s'il s'était appuyé sur des exemples analogues. Rappelons ici les recherches récentes sur l'abbaye de femmes de Remiremont (Vosges), elle aussi d'origine mérovingienne, laquelle a adopté sous Louis le Pieux la règle de saint Benoît ; en dernier lieu E. Hlawitschka, Studien zur Aebtissinnenreihe von Remiremont, dans « Verôffentl. d. Inst. f. Landesk. d. Saarlandes », t. IX, 1963, p. 34 et ss., et l'édition du Liber memorialis de cette abbaye par E. Hlawitschka, K. Schmid et G. Tellenbach, dans les « Monum. Germ. histor. », 1970.

J. Picot met à plusieurs reprises l'accent, comme sur un élément fondamental pour l'histoire de Saint-Pierre de Lyon, sur l'existence de liens de confraternité entre Lyon et l'abbaye de Reichenau, liens se rattachant au nom de Leidrad de Lyon. Toutefois, ses remarques à ce propos risquent de demeurer imprécises et incomplètes dans la mesure où elles ne sont point orientées dans le sens des recherches les plus valables concernant les confraternités de Reichenau. L'auteur n'a mentionné ni K. Beyerle, Das Reichenauer Verbrii- derungsbuch ah Quelle der Kulturgeschichte (« Die Kultur der Abtei Reichenau », t. II, 1925 [réimpr. Aalen, Scientia, 1970], p. 1107 et ss.), ni des recherches plus récentes comme celle de K. Schmid dans « Friihmittel- alterl. Studien, Jahrb. d. Inst. f. Fruhmittelalterforsch. d. Univers. Munster », t. I, 1967, p. 365 et ss. On aurait souhaité trouver dans la monographie de J. Picot une liste critique des abbesses de Saint-Pierre, et une autre des nonnes, dans la mesure où leurs noms nous ont été conservés. A l'aide des listes de noms de Reichenau, des états nominatifs tirés des nécrologes (particulièrement de Lyon, et surtout de VObituaire de l'église Saint-Pierre de Lyon du Xe au XVe s., éd. M.-C. Guigue, Lyon, 1880), on pourrait se représenter, tout au moins dans les grandes lignes, ce que fut le personnel de l'abbaye. Il n'est pas chose impossible (comme l'écrit l'auteur, p. 24 et n. 7) de vérifier et élaborer à nouveau les listes d'abbesses fournies par le Gallia et par Berger de Moydieu. L'exploitation des nécrologes fournit des possibilités de reprendre de plus près les listes de noms, concernant des monastères féminins, que la tradition a transmises tardivement, lacunaires et pleines d'erreurs. Cf. l'exemple de Marcigny-sur-Loire, recherche parue dans « Fruhmittelalterl. Studien », 1. 1, 1967, p. 406 et ss. Dans cette voie on pourrait en même temps éclairer les relations entre Lyon et Cluny aux xie-xne s.

Ainsi donc, cet ouvrage relatif à Saint-Pierre de Lyon fournit, à côté de renseignements qu'on est heureux de trouver, plus d'une incitation à répondre, dans des travaux ultérieurs, à des questions fondamentales restées sans réponse.

Joachim Woixasch.

(trad. E.R. Labande.)

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