Nicolas de Brémond d'ars, À la recherche de soi. La Bible et notre vie intérieure (coll. Spiritualité). Paris, Bayard, 2008. 265 p. 20,5 x 15. 17,50 €. Isbn 2-2274-7783-4.
Au terme «spiritualité», si commode mais si commodément fourre-tout, certains auteurs récents préfèrent celui d' «intériorité». Ainsi le bon texte de Jacques Gagey, publié l'an dernier (voir RTL, t. 39, 2008, p. 570), dans lequel l'auteur, à partir de l'expérience catéchuménale qu'il vit comme prêtre et accompagnateur dans le diocèse de Paris, proposait de revisiter l'expé¬ rience chrétienne par le biais d'une rencontre de l'intériorité humaine et de ses aspirations. Au cœur de son essai, cette conviction : «Ce n'est pas la sociologie quantitative mais la catégorie de la confession qui permet(tra) de juger de l'activité du Christ sur le monde» {La nouvelle intériorité , Paris, Cerf, 2007, p. 27).
Un an plus tard, un autre prêtre du diocèse de Paris, Nicolas de Brémond d'Ars, revient sur ce sujet dans un livre dense, dont l'ambition est aussi plus ciblée : il entend montrer à quelles conditions herméneutiques la Bible judéo-chrétienne reste aujourd'hui un chemin d'intériorité. Les chercheurs de Dieu sont d'abord des chercheurs d'eux-mêmes, de la vérité cachée que chacun porte en lui comme une énigme : il est urgent de montrer que le christia¬ nisme, vécu et célébré dans l'initiation, dans la progressivité, dans l'échange, permet peu à peu d'éclairer cette énigme, d'en défaire le nœud. Les dettes qui pèsent sur les épaules de tout être humain -que l'auteur désigne sous le nom de «dette de filiation», «dette de fraternité», «dette de chair» (p. 57-69) -la Bible donne de les régler petit à petit, grâce à l'itinéraire qu'elle propose : de l'Egypte au désert, de la satiété au manque, des nourritures ter¬ restres aux célestes (la manne, les cailles, la Torah : tout cela vient du ciel, d'en haut, d'ailleurs). Ce cheminement nuptial suppose quelques règles dans l'approche du texte pour qu'il parle aujourd'hui : par exemple, celle d'une communauté ou d'une communion, pour que le délire personnel ne l'em¬ porte jamais sur la lecture partagée, la seule vivifiante.
On trouvera dans ces pages denses de quoi nourrir sa vie spirituelle, certes, mais surtout de quoi aborder avec justesse la Parole de Dieu, dont les assem¬ blées, catéchétiques ou autres, ont besoin comme de pain dans la redécou¬ verte de leur foi.
B. Lob et
