492 ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES

Enßn, l'auteur fait état des observations extrêmement ingénieuses d'Hervey de Saint-Denis, qui avait soutenu cette théorie qu'en rêve on peut diriger ses représentations. Dumas n'accepte point d'emblée cette opinion, il est sceptique, il suppose que d'Hervey de Saint-Denis, partisan convaincu du libre arbitre, et en cherchant la preuve partout, a pu avoir l'illusion de la trouver dans le rêve. Je ne partage pas ce scepticisme; je ne suis point un partisan du libre arbitre, et cependant, dans mes propres rêves, il m'est arrivé de diriger mon ideation. J'avais par exemple devant moi le spectacle d'une nature triste; je me disais : je veux voir de beaux paysages, des palais; et peu à peu l'image désirée se matérialisait au gré de mon désir; en d'autres termes, une idée vague accompagnée de mots et de désirs se précisait en image concrète. Pour diriger ses rêves, l'auteur propose les moyens suivants : c'est de fixer fortement son attention, pendant la veille, sur les sensations'et images, dont on veut assurer le rôle dans le rêve. Comme il le remarque avec finesse, ce n'est pas la volonté persistante qui agit dans ce cas, mais plutôt l'association qu'on a formée automatiquement. Nous nous demandons si ce procédé est le meilleur. Il y en a un autre, plus subtil : il consiste à penser profondément à une idée, puis, avant de l'avoir épuisée, brusquement on la chasse de son esprit. De cette façon, elle s'est chargée, mais elle ne s'est pas déchargée. Il y a des chances pour que la décharge ait lieu dans le rêve. Cette théorie, qui a été exposée ingénieusement par Delage, repose sur plusieurs observations intéressantes, parmi lesquelles je pourrais en citer de personnelles. A. Binet.

XVIII. — Traités, méthodes.

E. DÜRR. — Einführung in die Pädagogik. — Un vol. in-8°, 276 p., Quelle et Meyer, Leipzig; 1908.

On envisage souvent la pédagogie comme une psychologie — comme une morale — appliquée et l'on admet que les méthodes de la science pure sont capables, en principe, de résoudre problèmes que pose la pratique. Qu'un tel point de vue soit légitime à certains égards, c'est ce que nous ne saurions guère contester; mais, s'il est défendable en droit, il faut reconnaître tout de suite qu'il n'a, en fait, qu'une portée extrêmement restreinte, et que psychologie, dans son état actuel, n'est pas en mesure de prêter à pédagogie les secours dont elle a besoin et que, seule, une connaissance « achevée » de l'homme sefahVenétatde lui fournir. La pédagogie peut emprunter sans doute à la psychologie certaines données, mais, pour se développer, il paraît indispensable qu'elle se provisoirement en science indépendante et qu'elle recoure à méthodes propres. De même, il n'y a pas lieu de transporter

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