Couverture fascicule

M. Jurković et G. P. Brogiolo (éd.), Corpus Architecturae Religiosae Europae (saec. IV-X). II, G. P. Brogiolo et M. Ibsen (éd.), Italia, 1. Province di Belluno, Treviso, Padova, Vicenza, avec la collab. de A. Colecchia, E. Napione et E. Possenti, 2010

[compte-rendu]

Année 2011 169-2 p. 172
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Page 172

Bibliographie

, 29 cm, 324 p. avec nbrx. relevés et fig. en n. et bl. et en coul. -IsBn : 9789536002467, env. 120 $.

En dépit de la tomaison qu’il affiche, le présent volume correspond bien à la toute première étape d’une entreprise. Celle-ci est incontestablement des plus ambitieuses puisqu’il s’agit de rien moins, en effet, que d’offrir, dans un laps de temps aujourd’hui estimé de sept à huit ans, plus d’une cinquantaine de volumes couvrant toute l’architecture chrétienne d’Europe occidentale antérieure au début du xie siècle. Rappelons qu’un projet de cet ordre avait abouti, voici une quarantaine d’années, à la rédaction, par F. Oswald, L. Schaefer et H. R. Sennhauser principalement, des trois tomes des Vorromanische Kirchenbauten, auxquels un complément fort substantiel avait dû être apporté deux décennies plus tard 1. Dans des cadres géographiques plus limités, d’autre part, des tentatives analogues devaient également voir le jour : ainsi notamment pour le territoire de la France actuelle avec le volume d’introduction puis les trois volumes de notices coordonnés par N. Duval 2 ; et pour les régions alpines orientales avec les deux nouveaux volumes produits par H. R. Sennhauser 3. L’abondance des nouvelles découvertes -tant sur les sites que dans la documentation textuelle -incitaient cependant à relancer l’opération avec une envergure maximale. L’occasion en a été donnée lors d’un colloque du Centre de recherche pour l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge de l’Université de Zagreb tenu à Poreč en 2001 et réunissant, autour de l’initiateur M. Jurković, des spécialistes italien (G. P. Brogiolo), espagnol (G. Ripoll Lopez), suisse (H. R. Sennhauser toujours), allemand (U. Lobbedey), français (N. Duval et Chr. Sapin), autrichien (K. Karpf), anglais (M. Jones) et croate (i. Matejčić), dont le cercle devait rapidement s’élargir. Au cours de réunions ensuite assez régulièrement tenues, les modalités de la mise en oeuvre ont pu être définies. il fallait évidemment d’abord fixer les critères de sélection des édifices à prendre en compte. Cinq ont prévalu : 1° les données fournies par les visites pastorales et autres sources écrites ; 2° celles du matériel sculpté et de l’épigraphie ; 3° celles ressortant de l’analyse des plans et techniques de construction ; 4° dans le cas des édifices présentant une séquence complexe dans leur élévation, celles ressortant de l’observation de cette dernière ; 5° lorsqu’une fouille avait pu

172 être pratiquée, les données proprement archéologiques. En revanche, les vocables -parfois sujets à mutation -n’ont, à bon droit, pas été considérés comme suffisamment déterminants. En second lieu, c’est l’organisation générale de chaque volume et la teneur des notices qu’il importait de définir. On a décidé de regrouper les édifices en fonction des subdivisions administratives régionales actuelles plutôt que par diocèses (l’étendue de ces derniers ayant en effet pu fluctuer au cours de la période embrassée). Pour chacune de ces aires, une brève introduction donne les grandes lignes de l’histoire, du panorama monumental et de l’état des recherches. Quant aux notices qui suivent, elles s’ouvrent par les indispensables données de localisation du site, de situation du complexe monumental et de son histoire jusqu’à nos jours, et de disponibilité des sources ; cela pour tous les édifices dont l’existence paléochrétienne ou haut-médiévale se trouve attestée d’une manière ou d’une autre en fonction des critères indiqués ci-dessus. Ensuite, et bien évidemment pour les seuls cas où des structures sont encore conservées, se développe une présentation détaillée de ce que l’on peut reconnaître des phases antérieures au début du

xie siècle : avec, pour chacune, description des partis architecturaux (et, dans la mesure du possible, des dispositifs fonctionnels), des matériaux et techniques de construction, et des composantes d’un éventuel décor ; pour chaque phase également, la datation et l’interprétation générale s’opèrent en prenant au mieux en compte les données environnementales. Puis – et pour les seuls édifices au moins partiellement préservés – une troisième section détaille les modifications advenues postérieurement à l’an mille. Une bibliographie particulière (la bibliographie à caractère plus général se trouvant rassemblée après l’introduction régionale) clôt enfin la notice. Le volume ici recensé traite de l’actuelle vénétie centrale. Comme l’indiquent en avantpropos ses deux coordinateurs, il s’agit d’un territoire que l’on considérait comme d’importance relativement mineure quant à l’essor architectural chrétien de cette période. On a cependant résolu d’ouvrir ainsi la série dans la mesure où, du fait de plusieurs actions (prospections archéologiques, tenues de séminaires…) menées ces dernières années, les apports à exploiter s’avéraient assez substantiels – à même de véritablement renouveler, en tout cas, ce qui prévalait sur la base des publications du dernier quart du xxe siècle. D’autre part, il apparaissait indispensable de produire dans les meilleurs délais ce qui, pour les multiples chercheurs impliqués dans la même entreprise en d’autres cadres régionaux, pouvait constituer un modèle. Telle est la raison d’être de ce «volume-pilote » , dont la sortie précède même celle du volume d’introduction générale de l’entière collection, simplement annoncé ici. il faudra donc patienter encore quelque peu pour être mieux informé des exactes visées, et notamment de certaines options décisives au regard de l’ensemble ; nous songeons là, en particulier, à ce qui touche aux limites spatiotemporelles du champ de l’investigation : qu’adviendra-t-il, en effet, des édifices établis en certaines contrées où ascendances latine et grecque ont tour à tour prévalu ? Et le cap des années 1030/ 40 devra-t-il être aussi uniformément retenu qu’il est ici posé d’emblée ?… Quant à ce qui est offert aujourd’hui, on ne manquera certes pas de relever quelques inégalités dans le traitement de certaines notices (ainsi par exemple, toute la bibliographie n’a pas été prise en compte pour l’épigraphie paléochrétienne de l’important sanctuaire vicentin Saints-Félix-et-Fortunat...). Mais ce n’est qu’une observation de portée mineure, dans la mesure où les résultats sont, dans l’ensemble, présentés très clairement, avec l’appréciable support d’une documentation cartographique, planimétrique et photographique de grande qualité (à cet égard d’ailleurs, on jugera immédiatement des progrès accomplis depuis les publications du même ordre d’il y a trente ou quarante ans). il convient aussi d’ajouter que les auteurs sont parfaitement conscients des futures gains que permettra, au premier chef, la multiplication des fouilles : il est ainsi prévu de mettre au fur et à mesure en ligne les résultats à venir (données nouvelles à proprement parler, ou rectifications partielles de ce qui est livré ici) ; le Centre d’études paléochrétiennes et médiévales de l’Université de Zagreb a d’ores et déjà installé une «plate-forme » à cet usage. Grâce à l’incessante mise à jour ainsi possible et, comme on doit naturellement l’espérer, si les diverses instances euro-péennes impliquées continuent à assurer le soutien financier nécessaire à la poursuite du travail des équipes, on devrait donc bientôt disposer d’une incomparable base de connaissances sur un temps certes non ignoré – mais encore insuffisamment perçu à sa juste importance – de l’essor de l’architecture chrétienne. Jean-Pierre Caillet Université de Paris x-Nanterre

1. F. Oswald, L. Schaefer, H. R. Sennhauser, Vorromanische Kuirchenbauten. Katalog der Denkmäler bis zum Ausgang der Ottonen, 3 vol., Munich, 1966-71 ; F. Oswald, W. Jacobsen et H. R. Sennhauser, Nachtragsband, Munich, 1991. 2. N. Duval (dir.), Naissance des arts chrétiens. Atlas des monuments paléochrétiens de la France, Paris 1991 ; Les premiers monuments chrétiens de la France, 3 vol., Paris, 1995-98. 3. H. R. Sennhauser (éd.), Frühe Kirchen imöstlichen Alpengebiet. Von der Spätantike bis in ottonische Zeit, 2 vol., Munich, 2003.