Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, N°29, janvier-juin 2000

EDITORIAL

Cette livraison comporte deux dossiers, le premier lié à la question humanitaire, le second à l 'Albanie.

Dans le dossier sur l 'action humanitaire, Philippe Ryfman se demande, en compagnie des auteurs qu'il a choisis avec feu François Jean, si les conditions politiques nouvelles dans lesquelles évolue l'aide humanitaire dans l'aire régionale qui est celle de notre revue, et où s'exerce d'ailleurs une très grande partie de cette action, essentiellement liées aux recompositions à l'œuvre depuis les années 1970, et qui se sont accélérées avec la fin de la bipolarité, génèrent de nouvelles approches et comportements des acteurs humanitaires «extérieurs ». Ou si l'action humanitaire moderne, qui a particulièrement émergé sur la scène internationale à partir du début de la décennie 1980, suite à l'intervention soviétique en Afghanistan, n'arrive pas au terme d'un cycle lié à un certain modèle d'intervention sujet à une profonde remise en cause par les acteurs locaux. Quoi qu 'il en soit, l'action humanitaire semble se trouver à la veille d'une mutation de son essence même. Olivier Roy et Michel Leezenberg étudient respectivement les cas de l'Afghanistan et du Kurdistan irakien, tandis que S. Neil MacFarlane, Dzovinar Kevonian et Laurence-Donia Kotobi apportent successivement leurs analyses sur les situations en Abkhazie et dans le Haut-Karabakh, au Caucase méridional et enfin en Iran. Comme le relève le coordonnâtes du dossier, à la fois acteur humanitaire et observateur universitaire, la recherche a eu tendance à cantonner cette question à un «rôle mineur » alors qu 'elle a «une épaisseur certaine ».

Le dossier rassemblé par Kolë Gjeloshaj porte sur l 'Albanie, qui connaît les difficultés inhérentes à la fin des «démocraties populaires ». Pourra-t-elle à la fois assurer sa stabilité intérieure et faire face aux conséquences du démembrement de la Yougoslavie ? L 'isolement dans lequel s 'était singulièrement enfermé «le pays des aigles », durant plusieurs décennies, et qui rendait pratiquement impossible la recherche scientifique, a volé en éclats avec la chute du régime communiste, l'ouverture du pays vers l 'extérieur et le développement de ses échanges (voir à ce dernier propos le travail de Jean-Guillaume Ditter et de Ilir Gedeshi). Christian Pihet traite des années cruciales de la décennie 1990, en brossant le tableau de la