Couverture fascicule

Le savoir des religions. Fragments d’historiographie religieuse. -Édité par D. Barbu et al. -Paris : Infolio éditions, 2014

[compte-rendu]

Année 2015 117-2 pp. 670-675
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670 revue des études anciennes

Le savoir des religions. Fragments d’historiographie religieuse. -Édité par D. Barbu et al. -Paris : Infolio éditions, 2014. -552 p. -ISBN : 978.2.8874.814.8. Le volume, issu d’un séminaire de recherche à l’Université de Genève et d’un programme du FNS, présente un titre volontairement ambigu :

s’agit-il du savoir sur les religions – le nôtre ? ou du savoir qui se développe au sein même des religions ? Les deux, nous dit l’ «Introduction »

de D. Barbu et N. Meylan. Mais ce dernier savoir – fondé en croyances – a-t-il quelque titre à intéresser la science ? Et l’historien qui s’y applique fait-il autre chose qu’un relevé des bizarreries et des fourvoiements de l’esprit

humain ? Toujours est-il que le livre nous

propose une visite de l’atelier des historiens des religions, un inventaire du bazar hétéroclite qui y attend le savoir-faire de l’ouvrier 1. La question épistémologique particulière aux sciences des religions se trouve ainsi posée, dans le doute qui met en cause leur validité comme sciences. On ne cesse de s’y trouver reconduit vers des questions scabreuses, aussi fascinantes pour l’imagination que déroutantes pour l’historien, du supposé premier monothéisme amarnien au mythe de l’Atlantide, au pythagorisme croisant

philosophie et mystique, au sacrifice humain,

au scandale des Bacchanales, aux erreurs «païennes » et aux hérésies chrétiennes… Simultanément se révèlent des réseaux de lettrés occupés à compiler les savoirs et les textes, ainsi les exorcistes mésopotamiens et leur manuel qui annonce les ouvrages de médecine, ou les moines égyptiens qui copièrent les codices

de Nag Hammadi, dans l’indécision de ce qui relevait ou non de l’orthodoxie, ou encore la transmission du canon védique et l’élaboration du canon bouddhique, l’invention d’une préhistoire païenne par les chrétiens islandais

1. On pense naturellement au précédent de l’ouvrage édité par Ph. Borgeaud, N. Durisch, A. Kolde, G. Sommer, La Mythologie du matriarcat : l’atelier de Johann Jakob Bachofen, Genève 1999. soucieux de fonder la religion nouvelle. Le paganisme apparaît, sous la plume notamment de Philippe Borgeaud, comme une construction

chrétienne pour les besoins d’autodéfinition de

la nouvelle religion. L’un des articles, celui de Carmine Pisano, traduit de l’italien par F. Massa, sur «Cosmas Indicopleustès et l’appropriation chrétienne du mythe de l’Atlantide » , examine la proposition de Jan Assmann de fonder une discipline historique qui soit non pas consacrée à la mémoire des faits passés, mais à une «histoire de la mémoire » , étudiant en diachronie les modes de transmission de la mémoire culturelle. Cette mémoire emprunte des voies souterraines comme cette «crypte » de la mémoire égyptienne où s’engloutit selon Assmann le souvenir de la «révolution amarnienne » , qui ne resurgit qu’une fois associée aux Juifs et au nom de Moïse. Avec Cosmas, un Alexandrin crypto‑Nestorien du VIe siècle qui avait assez voyagé pour se risquer à

élaborer une «Topographie chrétienne » rejetant la géographie de Ptolémée au profit d’une

vision du monde compatible, à son goût, avec l’enseignement chrétien, le mythe de l’Atlantide devient une autre version, et une preuve indirecte apportée par les païens eux-mêmes, du récit biblique du Déluge ; l’Atlantide devra être située en Orient, et représenter le souvenir déformé, chez les païens, de cette terre d’avant le Déluge qu’enseignent les récits véridiques

de Moïse. Elle serait au sens propre une figure

de la mémoire et non de l’histoire. Et pourtant

cette figure est créatrice d’histoire : toutes ces fausses routes continuent de fasciner pour mieux stimuler les entreprises humaines... voire la curiosité des historiens. Le volume distribue les dix-neuf contributions en trois parties, «Ateliers antiques » , «Polémiques chrétiennes » et «La fabrique d’une histoire des religions » . Il se clôt sur une «Table des auteurs » qui fait connaître

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