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Les enfants mal élevés

[article]

Jules Steeg
Année 1892 20-1 pp. 317-325
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LES ENFANTS MAL ÉLEYÉS

Les enfants mal élevés, étude psychologique, anecdotique et pratique, par Fernand Nicolay, avocat à la cour de Paris. Neuvième édition. Paris, Perrin, 1891.

Les enfants en prison, études anecdotiques sur l’enfance criminelle, par Guy Tomel, du Journal des Débats, et Henri Rollet, avocat à la Cour d’appel. Paris, Plon, 1892.

La pédagogie n’est pas un art d’agrément ou de luxe; elle n’est pas non plus un métier exclusivement réservé à des maîtres ou éducateurs de profession. Elle est, au premier chef, une science sociale; elle intéresse les familles, les magistrats, les hommes d’Etat; elle tient donc dans ses mains les destinées des nations, elle possède le secret de l’avenir.

Voici deux volumes écrits par un journaliste, par des avocats, justement préoccupés des conséquences d’une mauvaise éducation tant pour le sort des individus que pour la sécurité du corps social. MM. Guy Tomel et Rollet nous entretiennent des enfants tombés dans le vice et même le crime, justiciables des tribunaux et envoyés en prison; ils appartiennent généralement à des familles indigentes et irrégulières; l’abandon et la misère ont pesé d’un poids écrasant dans leur destinée; M. Nicolay raconte ce qu’il a vu dans des familles qui passent pour respectables, où l’aisance même et une tendresse peu éclairée aboutissent à produire les tristes fruits d’une éducation détestable et dangereuse.

L’auteur des Enfants mal élevés est persuadé que l’éducation, bonne ou mauvaise, commence de bonne heure. Dans ses portraits d’enfants mal élevés, il débute par l’enfant de trois ans. Dès cet âge, dit-il, un enfant peut assurément compter déjà dans la catégo¬ rie des mal élevés, et se révéler comme un petit être complètement désagréable. Il a assez d’intelligence pour comprendre; assez de volonté pour résister; assez de force pour faire tapage. Son langage, ses grimaces, ses exigences pendant une visite, à table, avec les domestiques, sont déjà de fâcheux indices. A dix ans, il est plus insolent parce qu’il est plus osé. Il crie plus haut, parce qu’il est plus fort. Il est plus méchant, parce qu’jls’est développé. Il est

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