CROYANCES RELIGIONS ET SOCI

Flint analysé dans le Haut Moyen Age occidental les attitudes du monde clé rical égard de la magie est-à-dire une masse de pratiques et de croyances issues des religions païennes Antiquité romaine mondes celtique et germanique On pour rait croire un rejet global de ces survi vances du paganisme Mais auteur entend dégager dans la réception de la magie païenne par le monde chrétien un double processus le refus de la magie sa renaissance sous une forme chris tianisée qui permet de intégrer une magie blanche ou une magie noire auteur observe cette double réaction dans un vaste cadre spatio-temporel Espagne la France Italie Angleterre et Allemagne du vie au xie siècles Les sources une part les textes apologéti ques les textes conciliaires la législation séculière et ecclésiastique les commen taires bibliques la littérature hagiogra phique autre part les traités sur la magie tels le De magis Isidore de Seville dans les Etymologies ou le De magicis artibus de Raban Maur Ce projet ambitieux de dégager évolu tion du statut de la magie suppose une réflexion théorique préliminaire Or curieusement Flint ne cherche nulle ment cerner la notion de magie définie comme exercice un contrôle surnaturel sur la nature par des êtres humains avec aide de forces supérieures On attendrait ce que la définition de la magie au Moyen Age vienne au terme une analyse du vocabulaire et des typolo gies du surnaturel médiéval Tout au contraire est une définition moderne qui est ici appliquée emblée aux données mouvantes de imaginaire médiéval Tous les types de surnaturel en viennent ainsi peu peu être intégrés la magie miracula magica mirabilia mysteria La typologie que propose Jacques Le Goff pour le sur naturel médiéval miraculeux magique merveilleux et ensemble de ses travaux sur imaginaire médiéval auraient apporté une base théorique solide aux analyses de ouvrage On étonne donc de ne trouver ici aucune mention de ces travaux majeurs La problématique du livre est claire la magie suscite la fois peur et espoir hor reur et fascination et cette double réaction fait écho celle du monde gréco-romain et des textes bibliques Ainsi la scène de nécromancie au cours de laquelle la sor cière Endor montre Saul ombre de Samuel est interprétée par saint Augustin comme une illusion diabolique la confrontation de Moïse et Aaron aux magiciens de Pharaon permet Augustin opposer magica et miracula Flint exa mine successivement la magie du ciel et la magie de la terre tout en reconnais sant en matière de magie cette distinc tion est artificielle 87) puis la figure du magicien ces trois parties étant placées une après autre sous angle de la magie noire puis sous celui de la magie blanche Ainsi la condamnation de la divination de la croyance aux pouvoirs des sorcières répond évolution de astrologie peu peu réhabilitée comme science Les pou voirs accordés aux démons permettent intégrer au christianisme les anciens dieux par le biais de la satanisation glise accueille en outre le culte des anges la croyance au pouvoir magique de la croix et des reliques des processions et de eau bénite La magie de la terre attache surtout aux anciens lieux de culte païens arbres sources rivières irré médiablement condamnés comme tels mais aussi christianisés la dévotion populaire est ainsi objet un phénomène de trans fert Enfin la figure du magicien est abord surtout négative les magiciens ont dans la Bible de sombres ancêtres Cham le fils maudit de Noè dont on fait le père de Zoroastre ou Simon le magicien Mais on peut également évoquer autres modèles bibliques Aaron Melchisédech auxquels font écho au Moyen Age les saints tel saint Benoît grand faiseur de miracles et

129