Pascal Mueller-Jourdan, Gloses et commentaire du Livre XI du «Contra Proclum» de Jean Philopon autour de la matière première du monde (Philosophia Antiqua, 125). Un vol. de ix-236 p. Leiden, Brill, 2011. Prix : 111 €. ISBN 978-90-04-20246-7.

Dans un traité intitulé De aeternitate mundi contra Proclum et daté aux envi¬ rons de 529 ap. J.-C. (au moment de la fermeture de l’École platonicienne d’Athènes sur un décret de l’Empereur chrétien Justinien), le philosophe alexandrin Jean Philopon (ca. 490 -ca. 575) analyse, réfute et résout dix-huit arguments attribués à Proclus (412-485), où le scolarque d’Athènes soutient l’éternité du monde contre la doctrine chrétienne de la Création. Dans cet ensemble, édité par H. Rabe (Teubner, Leipzig, 1899) et actuellement en cours de réédition, accompagnée d’une traduction allemande, par Cl. Schölten (Freiburg i.Br.-Basel, Herder, 2009 sq.), le livre XI se révèle d’un intérêt particulier, non seulement dans son rapport à Proclus, mais surtout dans sa prise de position originale à l’égard de la tradition aristotélico-platonicienne.

Proclus soutient en effet que la matière est inengendrée et impérissable, ce qu’il démontre en posant d’une part qu’elle a la génération pour fin et ne peut donc être elle-même engendrée, la génération et la matière étant, pour cette raison, toutes deux étemelles ; d’autre part, qu’elle est toutes formes en puissance, sans rien nécessiter d’autre pour les accueillir — aussi s’avère-t-elle coextensive et coétemelle au monde.