Pierre Prigent, Les secrets de l’Apocalypse. Mystique, ésotérisme et apocalypse,

Paris, Éditions du Cerf, 2002, 104 pages (Lire la Bible, 124). ISBN 2-20406965-5, 15 €. L’Apocalypse est un livre étrange. À force de le travailler, on se convainc que les textes qu’il en faut rapprocher pour essayer de l’expliquer se trouvent dans les rouleaux découverts à Qoumran, auprès de la Mer Morte. C’est là qu’on peut lire les parallèles les plus significatifs qui éclairent notre difficile Apocalypse d’une lumière nouvelle. C’est là que notre visionnaire a trouvé ses idées maîtresses : les épreuves des fidèles ne sont que l’aspect visible et seulement superficiel d’une histoire que Dieu couvre de sa gloire. Déjà apparaissent, pour ceux qui savent voir, les signes magnifiques ou terribles qui marquent l’intervention dernière de Dieu et c’est dans le culte que les hommes accèdent le plus directement à ces mystères ineffables. Le dernier livre de la Bible ose marcher sur ce chemin et le mener à son terme : pour lui, depuis la venue de Jésus, c’est le début de la Fin. Satan est vaincu et le monde est entré dans l’ère finale où l’on voit poindre déjà la victoire de Dieu et des siens qui, sur la terre, chantent un salut que nul ennemi ne peut plus remettre en cause. Il faut maintenant vivre au présent cette eschatologie. Cela n’est ni un rêve, ni une prophétie seulement valable pour les temps à venir. Le langage lui-même est choisi pour mieux faire entendre que l’évangile s’étend aux dimensions du cosmos et, si l’on joue sur le registre du fantastique, c’est pour mieux faire ressortir l’éclat surnaturel d’un évangile à vivre sur la terre. Ce message s’adressait aux chrétiens qu’inquiétaient les prétentions impériales au totalitarisme, mais l’évangile qu’il annonce s’étend à tous les âges et à toute la terre : ceux qui adorent le Christ participent à cette victoire dès maintenant et pour l’éternité.

P. Prigent