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Comptes rendus / Book Reviews
DonaldS. Lopez, Jr., The Tibetan Book of the Dead. A Biography, Princeton et Oxford, Princeton University Press, coll. «Lives of Great Religious Books », 2011, x + 173 pages, ISBN 978-0-191-134-352, $ 19,95.
Donald S. Lopez, Jr., The Scientific Buddha. His Short and Happy Life, New Haven et Londres, Yale University Press, 2012, xi + 148 pages, ISBN 978-0-300-15912-7, $25.
Saint François Xavier, qui porta le St. Évangile aux Indes Orientales, & au Japon, quand les Portugais y allèrent chercher des marchandises, fit un très-grand nombre de miracles, tous attestés par les RR. PP. Jésuites : quelques-uns disent qu'il ressuscita neuf morts ; mais le R. P. Ribadeneyra, dans sa Fleur des saints, se borne à dire qu'il n'en ressuscita que quatre ; c'est bien assez.
Voltaire, Dictionnaire philosophique.
Donald Lopez fait partie des membres les plus éminents du cénacle des spécialistes qui, durant les trois dernières décennies, ont dépoussiéré en profondeur les études consacrées au bouddhisme — non seulement en Inde et au Tibet (l'un des ses nom¬ breux «domaines d'expertise ») mais aussi dans l'étude de sa réception en Occident et de ses métamorphoses subséquentes aux États-Unis tout comme en Europe. En dehors de l'histoire du bouddhisme proprement dit, et du bouddhisme indien ainsi que tibétain en particulier, D. Lopez retrace l'histoire des études bouddhiques en Occident depuis les temps de saint Barlaam et saint Josaphat (matière d'un pro¬ chain opus rédigé en collaboration avec Peggy McCracken, In Search of the Christian Buddha ; P. McCracken, quant à elle, traduit la version en ancien français attribuée à Gui de Cambrai pour la collection «Penguin Classics » sous le titre Barlaam and Josaphat: A Christian Tale of the Buddha) jusqu'aux derniers changements dans les intérêts du public américano-européen depuis les années i960 — du bouddhisme zen à sa variante tibétaine, aujourd'hui au sommet de la faveur.
Chacun de ses livres associe à une érudition sans faille, un regard satirique du meilleur cru, de nature à ébranler les piliers du Temple et à redonner un élan vital à un domaine de recherches scindé selon des positions de principe antagonistes jusqu'à la caricature. D'un côté se tiendrait le parti modéré des Anciens — fils naturel de la philologie moderne et, quoi que ses membres en aient, du colonialisme — livré à sa quête d'un bouddhisme originel, porté à surévaluer les textes par rapport aux images (surtout celle dites «populaires », qui ne retiennent que depuis peu l'attention), à son culte du verbe (celui des sources anciennes plutôt que des hommes vivants) ; de l'autre camperait le parti radical des Modernes /Postmodernes gonflé à grands renforts d'altérité, d'épistémologie, de sexualité, de reliques, de démonologie(s), de post¬ colonialisme, d'ethnicité, de déconstruction, enfin de toute forme de gadgets théoriques grâce auxquels il croît et se fortifie. Les partisans de cette nouvelle Querelle — qui correspond aussi à une opposition entre l'Europe et les États-Unis (avec quelques spécialistes japonais soucieux de ne pas manquer le train du Progrès) — tendent à
Cahiers d'Extrême-Asie 21 (2012) : 405-411
