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Langues et littératures celtiques

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RAPPORTS SUR LES CONFÉRENCES

LANGUES ET LITTERATURES CELTIQUES

Directeur d'études : M. L. FLEURIOT

Rapport 1980-1981

De même que les années précédentes, M. FLEURIOT a, chaque vendredi, donné trois conférences entre quatorze heures et seize heures trente. A l'intérieur de ces limites horaires, l'une des conférences est, par alternance, prolongée aux dépens des autres, de façon à varier les sujets étudiés. Bien que l'accent soit constamment mis sur la grammaire comparée des langues celtiques, il est régulièrement fait une large place aux questions littéraires, historiques, religieuses, à des aperçus sur le droit et l'organisation sociale des peuples celtiques. Voici sous quelles rubriques peuvent se placer les trois conférences.

La première a pour objet l'étude du celtique continental antique par l'examen d'inscriptions découvertes au cours des dernières années en France ou en Espagne. A la lumière des données ainsi apportées, il est fructueux de réexaminer d'anciens textes. Il est de plus en plus fréquent de retrouver des termes déjà connus et la recherche fait ainsi de constants progrès. Le groupe d'auditeurs est composé en majorité de chercheurs confirmés, souvent spécialistes d'autres langues, indo-européennes ou non. Les discussions peuvent être extrêmement fructueuses. L'examen de ces textes aboutit la plupart du temps à une publication dans les Etudes Celtiques , organe de l'E.R.A. n° 760 du C.N.R.S. dont le directeur d'études fait partie. Nous avons donc ainsi étudié et publié les inscriptions d'Argenton-sur-Creuse qui contient le nom du Uergobretos , magistrat très important chez les peuples gaulois. On le rencontre, qui plus est, en fonctions soixante-dix ans après la conquête, ce qui est une preuve supplémentaire de la longue persistance des coutumes celtiques, sans parler de la langue. On a également publié l'inscription de Limé et, à la lumière de ces données nouvelles, réexaminé l'ensemble du système verbal celtique antique connu actuellement, avec l'importante question des formes absolues et conjointes du verbe, de leur genèse et de leur emploi. Toute la seconde partie de l'année a été consacrée à l'étude des inscriptions d'Espagne, notamment celles de Botorrita, l'une latine avec des noms d'hommes et de lieux celtiques, l'autre, celtibère, connue depuis dix ans, mais dont le nettoyage a permis d'améliorer la lecture. Il n'est jamais oublié, lors de ces études, de mettre l'accent sur les survivances celtiques dans les langues romanes, notamment le français et les faits de syntaxe sont particulièrement importants à cet égard, notamment la syntaxe

du démonstratif, du nom verbal, le célèbre gallicisme "c'est moi qui" introductif de nombreuses phrases usuelles.

La seconde conférence a porté sur un texte en prose en gallois moyen et il a été décidé de le voir entièrement, ce qui a été fait, en insistant moins que dans les autres conférences sur le détail de l'explication philologique. Le texte en question est le Breuddwyd Maxen ou "rêve de Maxime". On a souligné dans le rapport précédent l'intérêt de ce texte pour la littérature, les traditions légendaires des anciens Bretons, voire quelques points d'histoire. Le passage sur le continent de l'empereur Maxime (383-388) avec des troupes en majorité recrutées en Grande-Bretagne, son aventure éphémère, ont vivement frappé les Bretons, de même que l'odyssée, assez similaire dans ses modalités et sa fin tragique, de Constantin et Constant de 407 à 41 1 . Ces événements sont liés, dit la tradition constante des Bretons de chaque côté de la Manche, aux origines de la Bretagne continentale. On n'a jusqu'ici apporté aucune preuve de l'invraisemblance de ces traditions, bien que, dans le détail, la légende ait submergé l'histoire. Dans ce récit, c'est par amour pour une princesse Elen, du nord-Galles, que Maxime entreprend de conquérir Rome. On voit ainsi, mieux que dans bien d'autres cas, comment un événement historique évolue au cours des siècles en roman ou en épopée. Le cas de la Chanson de Roland n'est pas sans rapport dans la façon dont l'histoire nourrit la légende.

Comme toujours, on a noté une participation active et compétente de galloisants aux conférences. La pratique des réunions mensuelles tenues en langue galloise a continué, pour le plus grand profit de tous.

La conférence consacrée au breton souffre souvent placée en troisième place et, parfois, elle a été placée en tête pour compenser ce désavantage. On a surtout étudié les fragments d'un manuscrit, datant d'un peu avant l'an 800, appelé par son premier éditeur, W. STOKES, le "Leechbook de Leyde". Il s'agit d'un texte très curieux et très archaïque, aux deux tiers latin, pour le tiers vieux-breton, contenant des recettes pour guérir des maladies par les plantes. Il ne s'agit donc pas de gloses, mais d'un texte bilingue. Son intérêt est capital puisqu'il s'agit du plus ancien texte breton connu, antérieur au Serment de Strasbourg, mais négligé, bien que sa découverte date de presqu'un siècle. L'étude en est très lente, car son intérêt philologique est primordial pour l'histoire de toutes les langues brittoniques. Il donne des aperçus sur la médecine ancienne et la connaissance des plantes. Les textes les plus comparables sont les "leechbooks" anglo-saxons et les textes moyen-gallois des Meddygon Myddveu édités par Le Diverrès. On achèvera l'année prochaine l'étude de ce texte avec celle d'autres textes moins anciens.

Livret de la IV' Section de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, I. 1978-79 à 1980-81