CÉRAMIQUE GRECQUE ET HISTOIRE ÉCONOMIQUE *

Parmi les sciences auxiliaires de l'histoire grecque, la céramique est sans doute celle où les spécialistes font preuve de plus de dogmatisme et celle pour laquelle les non-spécialistes montrent le plus de scepticisme. Ceux-là prétendent dater un vase ou un fragment avec précision, en déterminer l'origine et pouvoir tirer de ces fragments ou vases classés et datés des conclusions sur l'histoire du commerce et de la vie économique de la Grèce, ceux-ci se demandent quelle valeur ils doivent accorder à ces prétendues datations, à ces classements par origine et s'il est raisonnable d'utiliser pour reconstruire l'histoire des morceaux de vaisselle cassée.

Nous supposerons ici résolues les deux premières questions. Nous poserons comme postulat que tout fragment caractéristique peut être rangé dans une série d'origine et qu'il peut être daté, avec des marges d'incertitude variant suivant la série à laquelle il appartient (sur ces problèmes préliminaires, cf. Revue Hist., 1961, p. 295- 318). Nous examinerons seulement quel ordre de renseignements économiques la céramique grecque peut fournir et quelles méthodes doit suivre l'historien pour tirer parti au mieux de ces données.

A dire vrai, ces problèmes de méthode concernent à la fois l'archéologue, qui étudie et publie la céramique, et l'historien, qui utilise ces études et ces publications.

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L'archéologue d'abord. A première vue, il ne semble pas y avoir là la moindre difficulté. Pourtant l'expérience montre que des fouilles relativement anciennes ou même des publications relativement récentes présentent un matériel incomplet, fragmentaire au point que les conclusions que l'on peut en tirer risquent d'être complètement erronées. En effet, au moment même de la fouille, on