Modèle d’analyse des savoirs grammaticaux prescrits par le curriculum d’enseignement-apprentissage au primaire au Chili : l’apport de la théorie de Vygotski à la question des savoirs qui donnent du pouvoir
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Publication date
2018Author(s)
Esquivel, Rocio
Subject
Powerful knowledgeAbstract
Cette thèse s’inscrit dans le champ de la sociologie du curriculum. Elle questionne l’épistémologie des savoirs scolaires sur la base de la proposition de Young (2008, 2009) relative à la valeur cognitive des savoirs qui donnent du pouvoir aux élèves. Elle prolonge cette proposition en l’inscrivant dans la théorie historique culturelle du développement des capacités humaines afin de conceptualiser la notion de savoirs qui donnent du pouvoir. Ainsi, cette recherche ouvre la sociologie du curriculum à de nouvelles propositions pour analyser des savoirs qui, sous certaines conditions, peuvent offrir des possibilités aux élèves de construire un rapport plus éclairé au monde. La thèse repose sur une conceptualisation des savoirs qui donnent du pouvoir en référence aux rapports entre deux processus de généralisation de l’expérience tels qu’esquissés par Vygotski (1934/1997) dans sa discussion des rapports entre concepts quotidiens et concepts scientifiques : un processus de généralisation empirique et un processus de généralisation théorique. Les processus de généralisations sont au cœur de la construction des rationalités de l’être humain. Ces types d’activités psychiques permettent d’établir chez l’individu de nouvelles relations avec les objets, d’offrir la possibilité de donner du pouvoir aux élèves, en plus de transformer leur perception de la réalité. L’objectif de la thèse est de développer un modèle d’analyse des rapports entre ces deux processus et de le mettre à l’épreuve des données curriculaires.
Le modèle d’analyse spécifie, en référence à la théorie de Vygotski (1934/1997), les trois composantes du processus de généralisation proposé par Radford (2004, 2010) dans la théorie de l’objectivation : phénoménologique, épistémologique et sémiotique. Il est alors mis à l’épreuve dans le cadre d’une analyse des savoirs à enseigner et plus spécifiquement des tâches scolaires prescrites par un manuel scolaire structurant l’enseignement de la grammaire en sixième année du primaire au Chili. Le choix de l’enseignement de la grammaire est lié à la manière dont Vygotski (1934/1997) a conceptualisé la fonction de cette dernière dans le développement de la pensée grammaticale. Le contexte curriculaire chilien est, selon notre point de vue, un scénario propice pour analyser les processus de conceptualisation favorisés dans les orientations curriculaires de la langue écrite. Nous sommes d’avis que le curriculum du Chili montre, d’une part, des contradictions entre les finalités émancipatoires qui sont annoncées par ses concepteurs et, d’autre part, les savoirs qui sont convoqués, organisés et structurés dans le curriculum d’enseignement de la langue.
Bien que comportant d’importantes limites, l’analyse des données met en lumière qu’une analyse des curricula considérée sous le prisme de leur potentiel émancipatoire ne peut faire l’impasse sur la question des savoirs organisés par ceux ci. Aussi, notre analyse illustre qu’un savoir qui donne du pouvoir se développe dans le cadre d’activités d’enseignement-apprentissage engageant la personne dans un processus de généralisation théorique.
En développant un outil en mesure d’apprécier la valeur cognitive des savoirs proposés au sein d’un curriculum, cette thèse contribue à soulever l’importance de discuter des processus de généralisation dans la conception et la mise en œuvre des activités d’enseignement-apprentissage.
Collection
- Moissonnage BAC [4723]
- Éducation – Thèses et essais doctoraux [297]
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