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Abstract :
[fr] Introduction : Bien que la maladie d'Alzheimer (MA) et l'aphasie primaire progressive variant sémantique (APPvs) soient deux pathologies neurodégénératives distinctes, celles-ci partagent des caractéristiques cliniques. Toutes deux se distinguent en effet par une perte progressive des connaissances sémantiques, ainsi que par des erreurs en lecture à voix haute de mots isolés. Ces erreurs, dites de régularisation (ex : escroc lu ESCROK), concernent plus particulièrement les mots irréguliers peu fréquents. Néanmoins, l'origine de ces erreurs fait encore débat, notamment concernant l'implication de la mémoire sémantique. Dès lors, cette recherche a pour but d'étudier l'origine de ces erreurs. Elle compare trois populations (MA légers, MA modérés, APPvs) sur une tâche de lecture de mots, ainsi que sur des tâches évaluant les différentes composantes de la lecture de mots (analyse visuelle, lexique orthographique d'entrée, système sémantique, lexique phonologique de sortie, buffer phonologique). Matériel et Méthode : 27 participants (âge moyen = 79.8 +/- 6.4) de langue maternelle française et ne présentant pas de troubles de la lecture prémorbides ont été répartis en quatre groupes, selon le diagnostic et le score au MMSE : contrôles (N=14) (M=29.1 +/- 0,9), MA légers (N=5) (M= 23.2 +/- 2.3), MA modérés (N=5) (M=17.8 +/- 1.3) et APPvs (N=3) (M= 25.7 +/- 1.2). Le mini-QCS (version courte du questionnaire de connaissances sémantiques) et une tâche de lecture de 125 mots (composée de mots réguliers et irréguliers, fréquents et peu fréquents) ont été administrés, ainsi que les subtests de la BECLA (Batterie d'Evaluation Cognitive du Langage). Ces derniers évaluent l'analyse visuelle orthographique (appariement de lettres), le lexique orthographique d'entrée (décision lexicale), la mémoire sémantique (appariement sémantique de mots écrits), le lexique phonologique de sortie (jugement de rimes) et le buffer phonologique (répétition de non-mots). Résultats : A la tâche de lecture, les analyses descriptives des taux de réponses correctes montrent une diminution graduelle des performances par rapport au groupe contrôle (MA légers (-1,5 ET) ; MA modérés (-2 ET) ; APPvs (< -3 ET). Les erreurs les plus fréquentes sont les erreurs de régularisation (MA légers (86 %) ; MA modérés (70 %) ; APPvs (84 %)), sur les mots irréguliers fréquents (MA légers (21 %) ; MA modérés (35%) ; APPvs (29%)) et peu fréquents (MA légers (64 %) ; MA modérés (65%) ; APPvs (59%)). A la BECLA, les trois groupes expérimentaux présentent des profils distincts. Néanmoins, une altération commune est observée au subtest évaluant le lexique orthographique (< -2 ET), ainsi qu'au mini-QCS (< -3 ET). De même, les corrélations non paramétriques sur l'ensemble de l'échantillon mettent en évidence une corrélation entre le lexique orthographique et les erreurs sur les mots irréguliers fréquents (ρ= - .86 ; p < .001) et peu fréquents (ρ= -.78 ; p < .001), ainsi qu'une corrélation entre le mini-QCS et les erreurs sur les mots irréguliers fréquents (ρ= -.53, p < .001) et peu fréquents (ρ= -.42, p < .005). Discussion : Tel qu'attendu, ces premiers résultats mettent en évidence une atteinte du système sémantique, mais également une altération du lexique orthographique d'entrée, dans la MA et l'APPvs. Ils montrent par ailleurs que ces altérations sont plus importantes dans l'APPvs que dans la MA. De plus, les corrélations non paramétriques suggèrent un lien entre ces atteintes et les erreurs de lecture de mots irréguliers à voix haute, poursuivant ainsi le débat quant à l'origine de ces erreurs. Cependant, un échantillon plus large et des tâches plus fines pour l'évaluation des composantes de la lecture, sont nécessaires pour appuyer ces résultats.