Bakouche, Nordine
[UCL]
(fre)
Le virus de l’immunodéficience humaine de type 2 (VIH-2) est un rétrovirus causant le SIDA. A la différence du VIH-1, la progression de la maladie est en moyenne plus lente chez les patients infectés et bon nombre d’entre eux contrôlent le virus sans intervention thérapeutique. Une réponse immunitaire plus efficace et des différences dans le cycle de réplication peuvent expliquer le meilleur contrôle de l’infection : le VIH-2 est considéré comme un modèle humain d’infection VIH atténuée, ouvrant de nouvelles pistes de recherche dans le combat contre le VIH-1. Nous nous sommes intéressés dans ce travail de thèse à la protéine Env, qui notamment permet l’entrée du virus dans la cellule et offre de nombreux épitopes ciblés par des anticorps neutralisants. A la surface du virus, Env forme des complexes composés de glycoprotéines de surface (gpSU) et de glycoprotéines transmembranaires (gpTM). Lorsqu’on cultive des souches VIH-2 de référence, isolées ou clonées à partir d’échantillons cliniques, Env réduit spontanément sa taille de 15% suite à la sélection du codon stop prématuré. Ce phénomène est observé dans diverses lignées cellulaires tant pour des souches VIH-2 du groupe A que du groupe B. La gpTM perd dès lors 109 acides aminés (souche ROD) dans sa région interne, aussi appelée queue cytoplasmique (CT, cytoplasmic tail).Lorsqu’on séquence le matériel génétique du virus retrouvé chez des patients, tant l’ARN plasmatique que l’ADN proviral présent dans les PBMC encode une protéine Env complète : la CT a une taille constante à l’exception d’insertions au niveau de la région correspondant au LLP-2 (lentiviral lytic peptide 2). La mutagenèse dirigée d’un clone infectieux VIH-2 ROD nous a permis d’investiguer l’effet de raccourcissements et de diverses substitutions au sein de la CT sur la réplication virale. La sélection in vitro d’une souche ayant une CT tronquée s’explique par une augmentation de sa capacité d’entrée de 20 fois comparativement à la souche sauvage. Cependant, cet avantage initial dans le cycle réplicatif est accompagné d’une plus grande cytopathogénicité qui limite sa production virale ultérieure. Cette excellente capacité réplicative à court terme se perd lorsqu’on ajoute ou enlève quelques acides aminés à la gpTM tronquée, suggérant l’importance structurale de la zone hydrophobe constituant l’extrémité C-terminale de la CT tronquée. De plus, des analyses par cytométrie en flux et par Western Blot ont montré que cette souche exprime une plus grande quantité d’antigène Env à la surface des cellules infectées et sur son virion. Au contraire, la souche ayant une CT complète montre une cytopathogénicité moindre et exprime moins d’antigène à sa surface, ce qui pourrait expliquer son maintien in vivo par une diminution de l’exposition à la réponse immunitaire. La localisation cellulaire différenciée des mutants étudiés souligne l’importance des interactions de la CT avec diverses protéines cellulaires, et permettra d’investiguer leur rôle dans les particularités du cycle de réplication du VIH-2, élément-clé de son fitness in vivo.
Bibliographic reference |
Bakouche, Nordine. Impact de la variabilité de la région C-terminale de la protéine Env du VIH-2 sur la réplication du virus. Prom. : Goubau , Patrick |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/152492 |