[fr] La douleur se définit comme une “expérience sensorielle et émotionnelle
désagréable associée à un dommage tissulaire potentiel ou réel” [1]. La douleur
est donc une expérience subjective négative consciente. La nociception, quant à
elle, correspond au “processus neuronal de codage des stimuli nociceptifs
(
traduit et codé par les nocicepteurs)” et n’engendre pas nécessairement de la
douleur. Certaines conditions, comme l’état de conscience altérée (ECA), peuvent
entraver une évaluation optimale de la douleur. Néanmoins, l’évaluation de cette
douleur est un élément important de la prise en charge clinique ainsi que du
diagnostic, puisque le simple fait de ne pas pouvoir communiquer verbalement
ne peut écarter la possibilité qu’un individu présente des douleurs [2].
De plus, de nombreuses situations en phase aigüe (mise en place d’un
cathéter,
polytraumatisme, etc.) ou chronique (présence de spasticité, d’escarres,
etc.) peuvent être des sources potentielles de douleur pour les patients en ECA,
celles-ci pouvant alors entraver la rééducation et diminuer leur qualité de vie [3].
Bien que nous ne puissions pas utiliser le compte rendu subjectif du patient
non communicant, les outils dont nous disposons actuellement nous permettent
malgré tout d’étudier ce qui se passe au niveau cérébral en réponse à des stimulations
potentiellement douloureuses, ce qui nous permet de mieux comprendre
et de tenter d’inférer la présence de douleur potentielle chez ces patients. Par
ailleurs, nous pouvons également observer les réponses du patient à son chevet,
comme pratiqué avec d’autres populations non communicantes telles que les
patients déments et les nouveau-nés.
Ce chapitre tentera d’apporter des clés permettant de mieux appréhender et
gérer les signes de douleurs potentielles chez ces patients, sur la base des études
de neuro-imagerie et des instruments cliniques disponibles.