Lebedev, Oleg
[UCL]
Adaptation fidèle de l’opéra inachevé Moses und Aron (1930-1932) de Schönberg, le film de Jean-Marie Straub et de Danièle Huillet (1974) est une œuvre dont le thème central est l’opposition de celui qui révèle l’idée monothéiste (en parlant) et de celui qui est apte à la communiquer au peuple (en chantant). L’objet de la présente étude est d’analyser le choix par les cinéastes de cette partition et de ce livret difficiles à travers les problèmes théoriques spécifiques qui se posent dans l’adaptation. L’hypothèse de nos recherches est que cet opéra est particulièrement apte à dégager les traits esthétiques du travail des Straub, dont la fonction première est d’accueillir du visuel qui se serait autonomisé par rapport au sonore. Dans son refus du doublage des chanteurs mais aussi dans son décrochage audio-visuel à même la prise de son directe, ce film inédit est dès lors paradigmatique de toute une tendance moderne du cinéma qui a tenté d’atteindre un visuel et un sonore purifiés, disjoints, libérés l’un de l’autre. Plus particulièrement, le film nous convie à distinguer trois usages possibles par le cinéma d’une partition: interactif, réflexif ou, comme ici, fabulatif, où la musique et les voix cessent de « faire voir » et acquièrent une puissance nouvelle.
Bibliographic reference |
Lebedev, Oleg. "Moses und Aron": le film-opéra à la conquête de l'audio-visuel et du montage musicalement nécessaire.Opéra et cinéma. Citations, scènes, imaginaires, affinités électives. (Rennes, 11/02/2013). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/124058 |