Impacts de la structure spatiale sur la pollinisation du comaret (Comarum palustre L.) suivant une approche multiscalaire

La destruction et la fragmentation des biotopes accélèrent le déclin des pollinisateurs, entraînant la perturbation de processus écosystémiques essentiels tels que la pollinisation. Sur trois années, nous nous sommes intéressés aux effets de la structure spatiale des communautés végétales sur les services de pollinisation en zones humides, reconnues comme biotopes menacés mais riches en espèces. Pour ce faire, nous avons opté pour une approche à trois niveaux : au sein des communautés (densité florale), à l’échelle de la communauté végétale (surface occupée par la communauté et proportion de lisières forestières) et à l’échelle du paysage (proportion de zones boisées dans un rayon de 500m). Nous avons étudié 14 populations belges de Comarum palustre se distinguant par leur densité florale, leur taille, leur fermeture (proportion de lisières forestières) et leur isolement (proportion de zones boisées). Nous avons observé les insectes visiteurs de C. palustre dans des quadrats (1m2) choisis de manière aléatoire dans chaque population. La limitation du transfert de pollen a été estimée par pollinisations manuelles supplémentaires. Comarum palustre attire une diversité importante d’insectes visiteurs bien que les bourdons et les abeilles solitaires représentent les pollinisateurs principaux. L’abondance des bourdons augmente dans les quadrats à haute densité florale. Conjointement à celle des bourdons, l’abondance des abeilles solitaires augmente dans les communautés végétales présentant une proportion importante de lisières forestières et dans celles au sein de paysages composés d’une majorité de biotopes boisés alternant avec des biotopes ouverts. Aucune limitation du transfert de pollen n’a été détectée. Cependant, les taux de visites des bourdons et des abeilles solitaires influencent directement la mise à graines de C. palustre. La structure du paysage et de l’habitat requiert donc une attention toute particulière dans les plans de gestion des zones humides, en particulier pour l’accueil des bourdons et abeilles solitaires.