Enseigner la religion à l'école. Le point de vue d'un théologien

Le cours de religion. Le déconfessionnaliser ? Au moment même où avec le radicalisme, la conviction est malade, il faudrait la sortir du champ de l’éducation ? Au lieu de travailler à ce que la conviction devienne critique ? À la place, on instruirait de déclarations générales intemporelles, privées de racines ? Combattre le radicalisme en sortant la conviction et la religion des radars ? de l’orbite des missions de l’école ? Au moment où la religion s’éloigne de la raison en certains secteurs, il faudrait accentuer l’éloignement ? Le raisonnement est vicieux. La vraie responsabilité est de travailler à ce que la conviction devienne critique ; or c’est précisément l’objectif et le dispositif actuels du cours de religion ou de morale. Les sciences des religions ne peuvent revendiquer aucune légitimité à adresser, de l’extérieur de la logique religieuse, des injonctions à un comportement socialement conforme. Ce serait porter atteinte à l’autonomie des cultes (les religions ont des droits). En revanche le travail de la religion sur elle-même, ou théologie, doit conduire à l’adhésion à un socle de valeurs communes que la société civile et politique est en droit de requérir des religions (les religions ont des devoirs), sans préjudice de leur faculté d’adopter un positionnement critique vis-à-vis de certaines évolutions, à l’intérieur des règles du débat public. Pour illustrer l’importance du cours de religion et de morale à l’école, et une faculté de théologie au niveau de l’enseignement supérieur, l’importance pour les communautés religieuses et l’intérêt pour la société que s’exerce ce travail de la religion sur elle-même, nous examinons l’actualité des trois zones de friction entre religions et modernité : trois dossiers chauds, pour illustrer l’intérêt pour les communautés religieuses et pour leur contribution positive à la société : le créationnisme, la liberté de critique des religions et le cours de religion.