Effets du drainage autogène sur la mécanique ventilatoire de patients adultes atteints de mucoviscidose

Wallaert, Elliot Halm, Anne-Marie Soarez, Isabelle Perez, Thierry Reychler, Gregory [UCL] Wallaert, Benoit

Contexte : La kinésithérapie respiratoire de désencombrement bronchique est un composant majeur de la prise en charge de la mucoviscidose qui permet de ralentir la dégradation de la fonction respiratoire. Peu d’études mécanistiques ont analysé les effets de la kinésithérapie sur la fonction respiratoire. L’objectif est de vérifier si la kinésithérapie par drainage autogène améliore rapidement les résistances des voies aériennes. Méthode : Étude observationnelle réalisée lors du bilan annuel des patients en état stable suivis au CRCM adulte de Lille. La mesure des résistances bronchiques par oscillations forcées (à 5, 11 et 19 Hz) et une spirométrie étaient réalisées avant et 30 minutes après la séance de kinésithérapie respiratoire d’une durée de 20 minutes. Les sécrétions émises par les patients étaient recueillies. Trente patients (14 femmes et 16 hommes) âgés d’en moyenne 30,4 ans (± 8,42) atteints de mucoviscidose avec un VEMS moyen de 45,5 % (± 21). Le critère d’évaluation principal est les résistances bronchiques ; pour les critères secondaires, les réactances et les débits sont mesurés en spirométrie. Résultats : Après kinésithérapie, augmentation modeste mais significative de la CVF (3,22 %), du VEMS (1,7 %) et du DEP (2,9 %) (p < 0,001). Aucune différence au niveau du DEMM. Diminution significative des résistances inspiratoires pour les fréquences de 5 Hz, 11 Hz et 19 Hz mais pas pour les R5-19 Hz. Pas de variation significative des résistances expiratoires aux 3 fréquences testées. Diminution significative des résistances totales aux fréquences 11 Hz et 19 Hz. Amélioration des résistances inspiratoires à 5 Hz chez 21/30 patients, à 11 Hz chez 22 et enfin à 19 Hz chez 23 patients. Corrélation entre l’amélioration du VEMS (ou de la CVF) et l’amélioration des résistances inspiratoires. Pas de corrélation entre les données fonctionnelles mesurées et le poids (sec ou humide) des sécrétions bronchiques. Conclusion : Cette étude a donc montré une amélioration statistiquement significative des résistances inspiratoires après drainage autogène. L’absence d’amélioration des R5-19 Hz est compatible avec une absence d’effet au niveau des petites voies aériennes. Nos résultats apportent une information objective sur les effets, au plan physiologique, d’une séance de désencombrement bronchique chez des patients atteints de la mucoviscidose et permet d’envisager des études prospectives sur d’autres techniques de kinésithérapie.