A l'aube de l'entrée dans le métier d'instituteur primaire, à quoi (se)préparer ? Regards croisés des étudiants et de leurs formateurs à propos des difficultés anticipées.

Van Nieuwenhoven, Catherine [UCL] Deprit, Agnès [UCL] Labeeu, Marc [UCL] Maes, Olivier [UCL] Zuanon Eveline [HELHa]

Le passage du statut de l'étudiant à celui du professionnel enseignant est relevé comme difficile par de nombreux chercheurs. Nault (1999) parle du choc de la réalité vécu par les novices au moment de l’entrée dans le métier. En Belgique, le taux de sortie du métier est d'environ 25% pour les instituteurs primaires (Delvaux et al., 2013). Outre les conditions précaires des premiers emplois (intérims irréguliers, attente, instabilité), les tâches peu gratifiantes laissées aux nouveaux engagés, il s’agit aussi, pour l’enseignant débutant de s’insérer dans l’organisation de l’école, de savoir « faire classe » et de résister émotionnellement (Mukamurera et al., 2013) : entrer dans le métier n’est pas simple. Les institutions de formation des enseignants sont conscientes de cette transition difficile et s’interrogent sur leur rôle et la manière dont elles pourraient préparer les futurs diplômés à l’insertion professionnelle. Le curriculum de formation est-il en adéquation avec les besoins des futurs enseignants ? Les forme-t-on à l’ensemble des tâches qu’ils devront développer sur le terrain ? Y a-t-il un décalage entre les compétences que les formateurs souhaitent développer chez les étudiants et qu’ils estiment nécessaires dans l’exercice du métier et les besoins que ces mêmes étudiants perçoivent comme étant utiles pour dépasser les difficultés qu’ils rencontreront sur le terrain ? A la suite d'une recherche menée auprès des enseignants du secondaire inférieur (Biémar et al., 2016), cette communication vise à confronter les perceptions des étudiants du primaire à celles de leurs formateurs pour identifier les difficultés relevées et les ressources "utiles" fournies ou pas en cours de formation initiale. Les données récoltées par enquêtes et focus groups auprès d'étudiants de différents instituts belges de formation initiale mais aussi de leurs formateurs seront catégorisées au départ de deux cadres théoriques, l'un distinguant trois dimensions caractérisant le concept d’insertion professionnelle : la socialisation, la transformation identitaire et la professionnalisation (Voz, 2013); l'autre constituant un référentiel du métier d'instituteur primaire (Van Nieuwenhoven et al., 2014). Les auteurs tenteront d'apporter des réponses originales et de dégager quelques pistes prometteuses pour améliorer la préparation à l'insertion professionnelle dès la formation initiale. Ils questionneront aussi la convergence entre attentes et visées de formation.