Nécessaire théologie biblique. Contrepoint à Jean-Louis Ska

Adoptant le point de vue du dogmaticien et le plan large de la théologie biblique, on commencera par dégager les questions soulevées par l’exposé de Jean-Louis Ska (1), avant de les instruire (2), et d’avancer une proposition (3) permettant d’organiser, à propos de l’interprétation des Écritures, les relations entre exégèse et dogmatique – autrement dit d’envisager la modalité concrète d’une théologie biblique. Avec Gadamer, le hiatus entre le respect inconditionnel de la lettre et la participation active du lecteur a abouti à une meilleure compréhension de la dynamique de la tradition. Grâce au cercle herméneutique, qui tient compte de l’historicité de la compréhension, il est permis au texte, que l’historicisme enferme dans son passé, de rejoindre le présent du lecteur. Avec Barth et l’exégèse contemporaine, la coupure entre le sens et la référence a conduit à reconnaître la consistance théologique de la lettre biblique et à entendre sa prétention d’être témoin de la révélation, en tant que lettre inspirée ; ce qui suggère d’interpréter le texte biblique en le reliant tant à son objet qu’à son Auteur. Avec Beauchamp, la prévention que nourrit l’exégèse à l’endroit de la dogmatique est dénoncée comme incompatible avec sa tâche. Relier la Bible à la vie chrétienne aujourd’hui par un acte d’interprétation de nature théologique suppose d’associer le travail de l’exégète, tourné vers l’explication du texte, à la tâche du dogmaticien, orientée vers l’application au destinataire. L’unité de l’activité herméneutique allant du texte à la vie et de la vie au texte requiert de l’exégète et du dogmaticien une étroite collaboration et un échange continu qui leur donnent de mesurer la portée théologique de cette activité conjointe.