(fre)
INTRODUCTION : La prise en charge des infections bactériennes prothétiques chroniques repose sur l’identification du(des) pathogène(s), une chirurgie « carcinologique » ainsi qu’une antibiothérapie ciblée. Il est largement admis que la rifampicine est un antibiotique clé dans le traitement de ces infections.
MATÉRIEL ET MÉTHODES : Les patients sélectionnés avaient une infection chronique de prothèse de hanche (PTH) ou de genou (PTG) et avaient bénéficié d’une chirurgie en 2 temps associée à une antibiothérapie adaptée. Une cohorte de 221 patients suivis durant la période juillet 1997–novembre 2013 dans 3 centres universitaires (un belge et deux français) a été analysée de manière rétrospective. Les données démographiques, cliniques et bactériologiques ont été colligées ainsi que les traitements antibiotiques administrés. La rémission de l’infection a été définie par l’absence de récidive infectieuse durant le suivi d’au moins deux ans.
RÉSULTATS : Parmi les 221 patients d’âge moyen de 67 ans (22 à 91 ans), 133 (60 %) avaient une infection de PTH. Les prélèvements peropératoires lors du premier temps chirurgical étaient stériles dans 22 % des cas, monomicrobiens dans 64 % des cas et polymicrobiens dans 14 % des cas. L’espaceur en ciment utilisé comportait de la gentamicine dans 69 % des cas et une association gentamicine-vancomycine dans 26 % des cas. Le délai médian pour le deuxième temps opératoire est de 52 jours (15 à 211 jours). Le taux de rémission était plus élevé chez les patients traités durant l’intertemps par une combinaison comportant de la rifampicine par rapport aux autres patients (86 versus 72 %, p = 0,02). Le taux de rémission des patients dont la durée de l’intertemps ne dépassait pas un mois était plus élevé que celui des autres patients (91 vs. 77 %, p = 0,09). Le taux de guérison à deux ans est plus élevé chez les patients porteurs d’une PTH que chez les porteurs d’une PTG (87 vs. 70 %, p = 0,006). L’analyse microbiologique lors de la chirurgie de repose montre une persistance bactérienne ou l’émergence d’une nouvelle bactérie mais avec un profil d’antibiogramme identique dans 12 % des cas. Dans 9,5 % des cas, les prélèvements mettaient en évidence une bactérie avec un nouveau profil de résistance (apparition de résistances non liée au traitement reçu). Une résistance à la rifampicine au deuxième temps opératoire était notée chez 9 % des patients traités par cet antibiotique.
DISCUSSION : Les résultats de ce travail suggèrent l’effet bénéfique de l’utilisation de la rifampicine en combinaison dans le traitement des infections de prothèse ostéoarticulaires à cocci à Gram positifs traitées par remplacement en deux temps.
Pierret, Fanny ; Migaud, Henri ; Loiez, Caroline ; Valette, Michel ; Beltrand, Eric ; et. al. Utilisation de la rifampicine dans la prise en charge des infections chroniques de prothèses en 2 temps : étude rétrospective multicentrique.92ème réunion annuelle de la SOFCOT (Société française de chirurgie orthopédique et traumatologie) ((France) Paris, du 06/11/2017 au 09/11/2017). In: Revue de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique, Vol. 103, no.7 Suppl, p. S90 (2017)