Discursivité et responsabilité éthique dans la prise en charge des patients en fin de vie : réflexion éthique et perspectives théologiques à partir de la notion de reconstruction de J.-M. Ferry

(fre) Cette étude réfléchit sur les contours d’une responsabilité́ éthique pour une prise en charge capacitante d’une personne en fin de vie, par la valorisation des ressources discursives, dont sa parole et celle autour d’elle. Mettant à contribution la théorie du discours, de l’identité et de la reconnaissance de J.-M. Ferry, elle propose quelques orientations à même de remettre en question la médiation institutionnelle sous son double versant juridique et médico-technique souvent mise en avant dans la situation de fin de vie aujourd’hui. L’enjeu éthique ici consiste à apporter une contribution aux efforts contemporains en faveur d’une relation de soin orientée vers la pleine expression du sujet, en un moment où l’expérience de la fin de sa vie déstabilise les repères habituels de cette expression. La prise en charge de la fin de vie ne devrait pas se cantonner dans le registre du discours institutionnel ; elle gagnerait, sans faire l’impasse sur cet aspect, à donner une place à des ressources en deçà de ce registre dans la visée de ce qui peut faire sens pour le sujet en situation de vulnérabilité́. Une approche de l’expérience de fin de vie, appréhendée à travers la médiation du discours qu’une personne, son entourage et son milieu de prise en charge produisent, peut aider à penser la pratique de soins, le statut des acteurs qui y sont impliqués et permettre la mise en œuvre d’une mutuelle signification. Évoquer cette idée de mutualisation du sens, c’est souligner, au cœur d’une relation avec le mourant, une dimension qui questionne tous les moyens disponibles. Car elle incite à réfléchir les conditions sous lesquelles une personne, même dans les situations extrêmes, reste un être humain et un sujet à part entière. La question du sens constitue également le lieu où un dialogue entre philosophie et théologie peut être noué. Dans les trois grandes parties qui composent cette étude, l’auteur propose une articulation assumée entre la philosophie et la théologie en se centrant sur le champ de la fin de vie considérée comme thématique humaine, relationnelle, clinique et sociétale.