Niyigena, Jean-Paul
[UCL]
La question de méthodes au cœur des finalités de l’éducation à la citoyenneté à l’école catholique Toute société éduque à la citoyenneté. L’école joue un rôle prépondérant dans cette mission sociétale. La finalité de cette forme d’éducation n’est pas facile à identifier, or elle est vitale pour la stabilité, le vivre-ensemble et l’épanouissement d’une société. Le besoin d’éduquer à la paix ne peut être efficace si nous ne prenons pas conscience des finalités assignées non seulement à l’école mais surtout à l’éducation à la citoyenneté. Dans notre contribution, nous développons ‘les outils conceptuels pour mettre en lumière les finalités à travers les trois courants de la philosophie politiques contemporaines, à savoir le nationalisme, le républicanisme et le libéralisme. En cela, selon le type d’idéal, les finalités changent mais également les méthodes. Nous avons montré que certaines finalités assignées à l’éducation à la citoyenneté à l’école sont moins porteuses de la paix que d’autres. Exemple, la finalité de construire une identité culturelle et nationale ne laisse pas de la place à la différence, à l’altérité. Cette finalité se déploie à travers une méthode d’inculcation et celle-ci respecte la logique de haut à bas. Les apprenants sont, dès lors, réduits à un rôle passif. Selon cette finalité et cette méthode, le contexte actuel et les problèmes qu’il soulève ne sont pas pris en compte par l’école. Les dérives de cet idéal sont légion : la dictature, le contrôle des consciences, l’opposition et les conflits entre les composantes de la société, les conflits, les génocides, etc. L’idéal républicain selon le républicanisme contemporain porte une éducation à la citoyenneté à l’école qui a pour finalité le développement de la liberté individuelle mais également l’entretien des biens communs. Cette double finalité se traduit en méthode de coopération et d’argumentation, de dialogue et de délibération voire en méthode critique. La participation active des apprenants est une condition et les problèmes du contexte du moment occupent une place importante dans les apprentissages. La posture qui y est développée se veut universaliste dans la mesure où tout être humain compte et doit bénéficier de l’aide pour se libérer de la domination. Nous avons insisté sur la double démarche de l’éducation à la citoyenneté inspirée du républicanisme contemporain. Elle est cognitive et expérientielle. Quant au libéralisme, il convient de retenir que celui-ci exclut toute présence de conceptions du bien à l’école mais aussi dans la sphère publique. Il défend la liberté individuelle dans son expression complète. L’intervention de l’État doit être limitée le plus possible. L’éducation à la citoyenneté à l’école doit viser la formation de la liberté individuelle et cela passe par l’apprentissage de la philosophie. Pour terminer notre réflexion, nous avons tenté de montrer que l’école catholique, telle qu’elle a été apportée par les missionnaires en Afrique, partage quelques caractéristiques avec l’éducation promue par le nationalisme. L’altérité n’y avait pas sa place, l’apprenant y était passif, les problèmes posés par le contexte n’y étaient pas présents. Dès lors, on peut comprendre la raison pour laquelle il est urgent d’opérer un changement de paradigme pour renouveler la théologie de l’éducation en Afrique. Dans un contexte d’une Afrique ravagée par les conflits incessants, nous proposons la finalité de la fraternité à l’éducation à la citoyenneté chrétienne. Cette finalité est très proche de celle prônée par le républicanisme. Ce qu’elle a de plus consiste dans la priorité des plus faibles. Il en va de soi que la méthode qui la concrétise est à innover puisqu’elle doit être celle du Christ, c’est-à-dire expérientielle.
Bibliographic reference |
Niyigena, Jean-Paul. La question de la méthode au coeur des finalités de l'éducation à la citoyenneté à l'école catholique.ECOLE CATHOLIQUE EN AFRIQUE. URGENCE D'EDUQUER A LA PAIX ET A L'ENVIRONNEMENT. QUESTION DE METHODE (UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE YAOUNDE CAMEROUN, du 03/11/2021 au 06/11/2021). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/254878 |