Jossen, Jean-Pierre
[UCL]
März, Virginie
[UCL]
Dupuis, Michel
[UCL]
La recherche en éducation traite depuis de nombreuses années de la responsabilité des directions sur la bonne marche des établissements scolaires pour en faire des lieux d’animation des équipes pédagogiques et par conséquent de leur développement professionnel (Baluteau, 2011 ; Boncompain, 2020 ; Dumay & Dupriez, 2009 ; Garant, 1996 ; Letor & Bonami, 2010 ; Mulford, Silins & Leithwood, 2004 ; Pelage, 2003). Une bonne marche mise en difficulté dans le contexte de l’hypermodernité ou d’une société plurielle en pleine mutation source de multiplicité des valeurs et des incertitudes, de remises en question des fondements de la vie en société et donc de tensions (Dubet, 2002 ; Rosa, 2012 ; Verhoeven, 2018). Des tensions qui questionnent l’écart entre continuité et changement, entre risques de rigidité et tentatives de renouvellement pour les acteurs.trice.s scolaires. Parallèlement, la recherche se concentre encore sur le vécu difficile des équipes éducatives, leurs difficultés au travail ou les sources de souffrances professionnelles (Behenda, 2012 ; Helou & Lantheaume, 2008 ; Horenstein, 2009 ; Laville & Saillot, 2021 ; Maranda, 2013 ; Okçu, 2014). Cependant, la recherche établit peu l’interaction entre ces vulnérabilités et l’action managériale des directions. En d’autres termes, elle ne vise pas suffisamment l’importance de l’engagement des directions dans leur mode de management ou dans leur leadership éthique en lien avec les vulnérabilités des équipes éducatives pour offrir à l’institution scolaire de poursuivre sa mission éducative. Cette communication présente les résultats d’une étude qui montre comment la direction peut rencontrer les vulnérabilités des enseignants et/ou des éducateurs en intégrant les valeurs du projet d’école. Nous avons réalisé une étude phénoménologique en 2021-2022 à partir d’entretiens semi-directifs avec les managers-leaders d’écoles secondaires lasalliennes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le cadre théorique est composé des travaux de Mangez et al. (2017) sur la modernité tardive et l’indétermination normative consécutive, de Maillard (2020) sur le concept de vulnérabilité et de Dupuis (2013) sur le leadership éthique des organisations. L’analyse des résultats a permis de mettre en avant ; premièrement, un classement des vulnérabilités source de freins aux changements en cinq catégories et en lien avec l’insécurité, la formation, la santé, les phénomènes sociaux et le climat scolaire ; deuxièmement, l’attachement des directions aux valeurs portées par le projet éducatif qui sous-tendent le sens de leurs actions et appellent le renouvellement et la ou les transition(s) exigées par le contexte d’une société moderne à la fois sur les acteur.trice.s de l’école et sur l’institution scolaire ; troisièmement, quatre modes d’intervention managériale porteurs de sollicitude envers leurs équipes sous forme des principes de vulnérabilité, de bienfaisance, de sincérité et de détachement que les responsables estiment indispensables pour apporter des réponses à la problématique de la vulnérabilité enseignante. La rencontre au vécu de l’autre dans un vis-à-vis réflexif ouvre ainsi la porte à une coparticipation aux changements mais est encore source de co-construction, de légitimation et d’accueil positif des exigences de changements.
Bibliographic reference |
Jossen, Jean-Pierre ; März, Virginie ; Dupuis, Michel. Modernité tardive, vulnérabilités des équipes éducatives et réponses managériales : une étude phénoménologique sur le leadership éthique des directions.Congrès SSRE/SSFE (Congrès annuel de la Société suisse pour la recherche en éducation) (Zürich, du 28/06/2023 au 30/06/2023). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/276588 |