Branders, Chloé
[UCL]
Alors que certains promoteurs du « droit à la culture pour tous », soutiennent l’organisation d’activités socio-culturelles en prison dans un esprit de normalisation et de démocratisation culturelle, d’autres critiquent l’instrumentalisation des ateliers artistiques qui, loin de permettre une « redéfinition du sens de la peine » (Siganos, 2008), seraient utilisés par l’administration dans l’optique de pérenniser le système de contrôle existant. Outre la fonction réhabilitative volontiers attribuée aux activités artistiques en prison, d’autres fonctions latentes se cachent dans l’expérience de la création et plus particulièrement, dans le paradoxe qui consiste à faire exister une activité créatrice, spontanée et collective dans un lieu qui contraint et qui isole. Au moyen d’une démarche ethnographique-réflexive et d’une analyse inductive, la recherche actuellement menée au sein du Centre de Recherche Interdisciplinaire sur la Déviance et la Pénalité (CRID&P), à l’Université de Louvain (UCL), vise à analyser les fonctions sociales et politiques d’un atelier de théâtre-action organisé dans les lieux d’enfermement (Prison et IPPJ). Du questionnement sur la place que peut avoir une activité artistique dans l’orientation de la peine, au recentrage sur l’expérience sensible et sensorielle du jeu d’acteur en prison, il s’agit de dégager ce qui se joue dans la rencontre entre la création collective et le cadre contraignant. La contrainte permet-elle aux comédiens incarcérés de jouer en prison ? Quel sens prend un geste, un mot ou un comportement sur scène et quel autre sens a-t-il dans le quotidien des reclus? Entre l’illusion du théâtre et la réalité carcérale, qu’est-ce qui se noue et se déjoue à travers ce processus de création collective ? Que signifie créer en prison ? Voici quelques questions auxquelles je me propose de répondre pour cette communication.
Bibliographic reference |
Branders, Chloé. Création collective dans l’enfermement : le jeu sensible des comédiens incarcérés .Colloque : Les sens de la peine. (Université Saint Louis, du 16/11/2017 au 17/11/2017). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/283441 |