Delcour, Manon
[USL-B]
Depuis Vues sur la mer, les lieux et les paysages sont au cœur du projet esthétique d’Hélène Gaudy, comme l’a d’ailleurs déclaré l’autrice , qui a ainsi fait le récit d’un voyage raté dans Un monde sans rivage, organisé une exposition intitulée Zones blanches : récits d’exploration ou examiné la portée de la géographie et des cartes dans les arts au sein de l’album L’art de l’ailleurs. Le motif de la maison traverse la constellation de lieux dessinée par Hélène Gaudy, d’une maison de vacances (Si rien ne bouge) à un igloo baptisé « home » (Un monde sans rivage), en passant par les détails de l’album Mon tout petit pays ou l’espace du cagibi (Quand j’étais cagibi). Les différentes configurations de l’espace domestique accompagnent, voire mettent en exergue certaines des questions cardinales de l’œuvre. Nous nous proposons dès lors d’étudier le motif de la maison dans plusieurs textes de l’autrice. Dans l’enquête littéraire Une île, une forteresse (2015), Hélène Gaudy relate ses rencontres avec les propriétaires d’une maison de Terezín, ville utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale par les nazis comme camp de transit et d’internement. Nous tenterons de montrer qu’en abritant une pièce inchangée depuis le temps du ghetto, cette habitation, « maison gigogne qui renferme et expose ses propres images » (p. 239), participe des anachronies du texte. Ces dernières permettent à Hélène Gaudy, dans cette littérature de terrain , de questionner le statut de l’image et de la parole. Dans le cadre d’une résidence d’auteur, Hélène Gaudy a arpenté les alentours du lac de Grand-Lieu et mentionne dès les premières lignes de son texte le motif de l’habitation : « La maison serait tombée au fond du lac où elle se dissoudrait comme un morceau de sucre » (p. 9). Plusieurs descriptions et souvenirs de maisons ponctuent ainsi l’évocation du lac, « difficile à circonscrire » (p. 12), « anomalie », « dépaysement », « lac-puzzle, toujours à reconstituer » (p. 13). À l’aide de La Poétique de l’espace de Gaston Bachelard , nous entendons étudier la portée des souvenirs et la matérialité sensible à l’œuvre dans le projet cartographique que mène Hélène Gaudy dans Grands lieux (2017). Nous analyserons également la mise en scène d’un envers de la maison , dans l’incendie d’une cabane dans la nouvelle Névés (2020), qui fait affleurer les questions de la trace et de l’extinction des paysages.
Bibliographic reference |
Delcour, Manon. Maison gigogne, grand lieu et cabane en feu : étude du motif de l’habitation dans l’œuvre d’Hélène Gaudy.Hélène Gaudy, s’immiscer dans "la matière meuble des histoires" : le lieu, l’image et la trace (Université Grenoble Alpes, 21/04/2023). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.3/274338 |