Piret, Bérengère
[UCL]
En mars 2018, les sénateurs burundais réclament « le rapatriement de toutes les archives sur le Burundi, gardées illégalement en Belgique, son dernier pays colonisateur » . À l’été 2020, ils étayent cette revendication et plaident pour la création d’un cadre de discussion bilatéral concernant « l’identification et le rapatriement des archives sur le Burundi » . Soixante ans plus tôt, une part des archives produites dans le cadre de l’administration belge du Burundi a en effet été transférée vers la Belgique à l’occasion de l’« opération Neven » (1960-1962). Le reste de ce patrimoine a été conservé sur place, d’abord par les services producteurs puis par les Archives Nationales du Burundi. La partition de ces archives ne tarde pas à être dénoncée. Les autorités burundaises invoquent le droit des peuples à être informés de leur histoire afin d’exiger les copies des documents déplacés vers l’ancienne métropole. À l’aube des années 1980, sous l’égide de l’UNESCO, plusieurs archivistes burundais se rendent en Belgique ainsi qu’en Allemagne et au Vatican afin de se faire remettre une copie des archives transloquées en vue d’éclairer l’histoire de leur pays, mais également de participer à la constitution et la sauvegarde des mémoires individuelles comme collectives. L’accès à ces documents et la remise de copies seront une entreprise longue et excessivement compliquée. Loin de mettre en œuvre le concept de patrimoine partagé tel qu’il a été défini par l’UNESCO, guidées par l’idée de protéger la Belgique et sa colonisation, les autorités belges ont cadenassé l’accès à ces fonds.
Bibliographic reference |
Piret, Bérengère. Les archives burundaises, un « projet pilote » pour le partage du patrimoine colonial ?. La gestion (coloniale) belge des archives du Burundi. In: MARUHUKIRO D., Le Burundi et son passé colonial. Mémoire, enjeux et solde en débat, LIT ed. : Fribourg 2023 |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.3/280385 |