「自己への嘘」としての祈り --カントにおける「信」と「反省的判断力」--

Abstract

Selon Jacques Derrida, il n'y a pas d'espoir dans la prière ou la foi. S'il y a de l'espoir dans la prière, ce n'est qu'un « calcul » et donc la prière ne mérite pas le nom de prière. Cependant, la prière ne se fait pas sur le mode de la « mauvaise foi », où l'on ne sait pas ce que l'on fait. La prière est une prière parce que l'on sait soi-même qu'il n'y a pas d'espoir. La prière n'a donc pas une structure de mauvaise foi, mais de « mensonge à soi ». Toutefois, il est impossible de se mentir à soi-même d'une manière qui ne soit pas une mauvaise foi, car la personne à qui l'on ment connaît naturellement le mensonge. Se mentir à soimême est une expérience d'aporie. Nous nous tournons ici vers Kant, qui a sévèrement condamné le mensonge et la prière. En effet, nous pensons que le système philosophique de Kant, qui a rendu possible cette condamnation radicale, est également une ressource philosophique positive pour le mensonge et la prière. Le but de cet article est, à travers Kant lui-même, de reprendre la prière entre nos mains en élucidant sa structure. La réflexion de Jean-Louis Chrétien dans « La parole blessée: Phénoménologie de la prière » (1992), selon laquelle la « prière » se situe à l'intersection des horizons du « vrai et du faux » et de la « performativité », constitue notre point de départ (Chapitre 1). Dans « Le canon de la raison pure », au sein de la Critique de la raison pure, Kant considère la « croyance » comme « le fait de tenir quelque chose pour vrai subjectivement suffisant mais objectivement insuffisant » et la comprend comme une « croyance pratique » nécessaire (le « postulat » dans les termes de la Critique de la raison pratique), à la différence d'une « croyance pragmatique » accidentelle. Cependant, la distinction entre ces deux « croyances » est indécidable dans la réalité. Il est donc possible d'interpréter la « croyance » comme un « mensonge à soi », qui sait que quelque chose est accidentel, mais qui se ment à soi-même et le considère comme nécessaire (Chapitre 2). Or, Kant, dans « Sur un prétendu droit de mentir par humanité », a catégoriquement rejeté le mensonge. Cependant, il est possible d'y lire la possibilité que Kant accepte exceptionnellement le « mensonge d'urgence ». Si tel est le cas, alors dans la philosophie de Kant, le « mensonge d'urgence » peut apparaître comme un « mensonge à soi = croyance ». La condition de possibilité de ce « mensonge à soi = croyance » est le « jugement réfléchissant » présenté dans la Critique du jugement. En effet, la fonction d' « héautonomie » du jugement réfléchissant croise l'horizon du « vrai et du faux » et celui de la « performativité ». Ainsi, la structure du « mensonge à soi » que possèdent la prière et la croyance est clarifiée (Chapitre 3). Dans La religion dans les limites de la simple raison, Kant condamne la prière comme l'acte d'un « hypocrite » qui « affirme même devant Dieu que quelque chose est certain, alors qu'il est conscient lui-même que cela n'est pas du caractère tel qu'on peut l'affirmer avec une confiance illimitée ». Cependant, cette même philosophie kantienne nous fait comprendre que cet acte est celui d'un « mensonge à soi » (Chapitre 4). Dans la philosophie kantienne, qui considère que seuls ceux qui ont une pratique morale peuvent avoir de l'espoir, il n'y a plus d'espoir pour les hypocrites qui prient. C'est précisément pour cette raison que Kant nous laisse, nous les médiocres, « la prière comme mensonge à soi » (En guise de conclusion).