Homophobie en contexte scolaire : quand les expériences vécues par le personnel soulignent l'urgence de l'insertion d'une formation appropriée dans les programmes de Bachelier destinés aux futurs enseignants

Après la Grande-Bretagne, la Belgique est considérée comme le deuxième pays le plus «gay-friendly» d'Europe (Rainbow Europe Package, 2015). De nombreux efforts législatifs y ont été réalisés pour lutter contre les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle ; celles-ci sont ainsi strictement interdites par la loi anti-discrimination du 10 mai 2007. Plus encore, depuis 2003, la loi ouvrant le mariage à des personnes de même sexe a mis fin à l'exclusion des couples homosexuels et a renforcé la cohérence des règles de droit belges. Enfin, la loi du 18 mai 2006 permettant l'adoption par des personnes de même sexe a confirmé, la volonté du législateur de mettre les couples hétérosexuels et homosexuels sur un pied d'égalité. Et pourtant, la réalité de terrain n'est pas aussi idyllique qu'on ne pourrait l'imaginer et l'homophobie est encore bien présente, notamment en contexte scolaire. La recherche présentée synthétise les résultats d'une enquête menée auprès de 170 membres du personnel scolaire d'institutions d'enseignement secondaire. Plus de la moitié de nos sujets déclarent avoir expérimenté des actes d'homophobie, en tant que victimes ou témoins. Si ces agissements sont, le plus souvent orientés vers les étudiants, il n'est pas rare qu'ils le soient également envers les membres de l'équipe pédagogique qui expriment dès lors l'inquiétude de perdre leur réputation professionnelle dans ce genre de situations où leur identité semble être réduite à leur homosexualité. Les témoins de ces actes montrent des réactions diversifiées et souvent peu adéquates. Les résultats soulignent également que les établissements scolaires ne disposent pas de politiques éducatives formalisées pour lutter contre ces discriminations. Nous développons dès lors une réflexion sur l'urgence d'inclure dans les programmes de Bachelier destinés aux futurs enseignants une stratégie générale de sensibilisation à la diversité (notamment des orientations sexuelles) et des formations à la gestion des actes et paroles discriminatoires.