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Doctoral thesis (Dissertations and theses)
Le bestiaire de Brunelleschi. Le perspectivisme et sa réinvention en éthologie
De Meyer, Thibault
2022
 

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Abstract :
[fr] L’étude qui suit cherche à construire une conception plurivoque du perspectivisme en analysant et en comparant trois œuvres graphiques. La première est une tablette aujourd’hui disparue de Filippo Brunelleschi, l’architecte florentin à qui l’on attribue couramment l’invention du perspectivisme en peinture. L’artiste cherchait à reproduire et mettre en image la manière dont il voyait, depuis le point de vue où il se trouvait, le baptistère de la place San Giovanni. La seconde œuvre est une planche extraite d’un récent article scientifique de Tim Caro et de son équipe. Les quatre photographies qui composent la planche tentent de reproduire un même zèbre tel qu’il serait vu respectivement par un humain, par un congénère, par un lion et par une hyène. Tout comme le tableau de Brunelleschi, cette œuvre vise à poser sur une surface plane des perspectives particulières, la différence étant qu’il s’agit cette fois de perspectives animales plutôt qu’humaines. La troisième œuvre, une planche publiée dans un ouvrage de l’éthologue estonien Jakob von Uexküll, est en apparence fort similaire à celle de Caro. Les photographies qui composent cette production graphique proposent de reconstituer la façon dont une paisible rue de village serait perçue tantôt par un humain, tantôt par une mouche ou un mollusque. Dans les trois premiers chapitres, nous présentons et situons chacune de ces œuvres en nous demandant (a) pourquoi ces chercheurs et savants, d’époques et de pays distincts, en sont venus à vouloir reproduire des points de vue spécifiques et (b) comment ils s’y sont pris : quelles techniques matérielles, corporelles et conceptuelles ont-ils mis en place pour y parvenir ? En outre, (c) nous mettons ces images en rapport à d’autres travaux qui présentent des caractéristiques communes. Ceci nous permet (d) d’analyser la manière dont la notion de perspective, mais aussi les notions associées de sujet, d’objet, d’environnement, de corps, d’identité, sont modifiées dans chacun de ces projets. Les réflexions autour de ces trois images nous permettent au chapitre 4 de décliner trois versions (ou trois plis) du perspectivisme : une version « objectivante » (que nous associons à l’œuvre de Brunelleschi et à celles de ses successeurs), une autre « subjectivante » (dans l’œuvre d’Uexküll et de nombreux artistes contemporains) et une troisième version « relationnelle » (que nous caractérisons à partir de la planche de Caro, mais qui se retrouve également dans d’autres recherches en éthologie). Au chapitre 5, nous analysons la critique des projets perspectivistes de Thomas Nagel. Celui-ci estime qu’il est impossible de connaître « l’effet que cela fait d’être » (« what it is like to be ») un autre animal. Nous mettons en exergue les préjugés qui structurent son argument (en particulier les idéaux de perfection et de séparation) et qui rendent le philosophe américain aveugle au processus de construction des images perspectivistes. Or, dans le chapitre 6, nous défendons que c’est précisément dans ce processus et non pas dans les images en tant que telles que les scientifiques se rendent compte de « l’effet que cela fait de vivre avec » tel ou tel animal. En modifiant discrètement la formulation du problème de Nagel, on change la manière d’interroger les projets perspectivistes : on passe d’une phénoménologie subjectiviste (« l’effet que cela fait d’être ») à un pragmatisme relationnel (« l’effet que cela fait de vivre avec »). Au chapitre 7, nous marquons les limites de notre approche graphique et visuelle du perspectivisme, tout en expliquant comment nous pensons pouvoir arriver à nous affranchir du sens de la vue et à nous intéresser au corps entier ainsi qu’aux autres sens alors même que nous étudions des images. D’ailleurs, au chapitre suivant, nous présentons un autre volet des recherches de Caro sur les zèbres qui comporte également une dimension perspectiviste (il s’agit de savoir comment ces équidés sont perçus par des insectes) bien que le biologiste ne se réfère plus à aucune image ou représentation perspectiviste. Enfin, au chapitre 9, nous insistons sur la portée ontologique du perspectivisme. Notons que si ce dernier chapitre tente de mettre en résonance la « thèse monadologique » de Leibniz et les recherches éthologiques de Caro, tous les chapitres qui précèdent développent également un dialogue étroit entre l’analyse des œuvres perspectivistes et des propositions philosophiques notamment de Friedrich Nietzsche, de Donna Haraway, d’Henri Bergson et de Gilles Deleuze.
[en] This study constructs a multi-layered conception of perspectivism through the comparison and analysis of three visual works. The first work is a picture now lost by Filippo Brunelleschi, the Florentine architect commonly considered the inventor of perspectivism in painting. The artist wanted to reproduce and articulate the way he saw, from his own point of view, the baptistery of Piazza San Giovanni. The second work is a plate from a recent scientific article by Tim Caro and colleagues, composed of four photographs: the image of a zebra as it is seen by a human, by another zebra, by a lion, and by a hyena. Just like Brunelleschi’s picture, this work aims to highlight some specific perspectives on a two-dimensional surface, albeit with the difference that the perspectives in question displayed in the latter case are animal instead of human. The third work, a plate published in a book by the Estonian ethologist Jakob von Uexküll, is very similar at first sight to the plate by Caro. The photographs of that graphic production reconstitute the way a quiet village street is perceived by a human, a fly, and a mollusk. In the three first chapters, we present and situate each of those works asking (a) why this select group of varied scholars, from different times and distinct cultures, were driven to reproduce specific perspectives; and (b) how they realized this production, examining which material, bodily, and conceptual techniques they invented to attain their aim. Moreover, (c) the images are juxtaposed in relation with other works to present and assess some common features. This comparative work allows us (d) to analyze the way that the notion of perspective—but also the associated notions of subject, object, environment, body, identity—are modified in each project. By thinking with the three images, in chapter 4 we distinguish three versions (or three folds) of perspectivism : firstly, an “objectifying” version (that we link to the works by Brunelleschi and his followers); secondly, a “subjectifying” version (in the works by Uexküll and diverse contemporary artists); and, thirdly, a “relational” version (that we characterize thanks to Caro’s plate, but that we also find in other ethological studies). In chapter 5, we analyze Thomas Nagel’s critique of all perspectivist projects. He believes it is impossible to know “what it is like to be” another animal. We highlight the presuppositions that structure his argument—in particular, the ideals of perfection and separation— and that obscure the process of construction of perspectivist images to the American philosopher. Yet, in chapter 6, we show that it is precisely during the process of construction—and not in the images themselves—that the scientists get to know “what it is like to live with” a given animal. By slightly modifying Nagel’s problem, we change the way to examine perspectivist project: we change a subjective phenomenology (“how it is to the subject itself”) into a relational pragmatism (“how it is to live with one another”). In chapter 7, we highlight the limits of graphic and visual approaches to perspectivism, while explaining how we think we can break free from the sense of sight and pay attention to the whole body and the non-visual senses even when we study images. For that matter, in the next chapter, we present another part of Caro’s research about zebras which also assumes a perspectivist dimension (since the objective is to know how these equids are perceived by insects) even though the biologist doesn’t use imagery in this project. Finally, in chapter 9, we insist on the ontological significance of perspectivism through communicating the ‘monadological thesis’ of Leibniz with the ethological research of Caro. In the same manner, across all chapters, we connect the analyses of perspectivist works to various propositions by philosophers, in particular Friedrich Nietzsche, Donna Haraway, Henri Bergson, and Gilles Deleuze.
Disciplines :
Philosophy & ethics
Author, co-author :
De Meyer, Thibault ;  Université de Liège - ULiège > Traverses
Language :
French
Title :
Le bestiaire de Brunelleschi. Le perspectivisme et sa réinvention en éthologie
Alternative titles :
[en] Brunelleschi's Bestiary. Reinventing perspectivism in ethology
Defense date :
19 September 2022
Number of pages :
366
Institution :
ULiège - Université de Liège [Philosophie et lettres], Liège, Belgium
Degree :
Doctorat en philosophie
Promotor :
Despret, Vinciane ;  Université de Liège - ULiège > Traverses
President :
Pieron, Julien ;  Université de Liège - ULiège > Traverses
Jury member :
Strivay, Lucienne ;  Université de Liège - ULiège > Département médias, culture et communication
Debaise, Didier;  ULB - Université Libre de Bruxelles [BE] > Philosophie et lettres
Grimaud, Emmanuel;  CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique [FR]
Available on ORBi :
since 14 June 2022

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