Ordre social et destin impérial dans les Chroniques de Louis XII de Jean d’Auton

Dumont, Jonathan

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Ordre social et destin impérial dans les Chroniques de Louis XII de Jean d’Auton

Dumont, Jonathan

2007 • In Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, LXIX (3), p. 589-613

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Keywords :

Historiography; Louis XII; Jean d'Auton

Abstract :

[en] The “Chroniques de Louis XII” are a major source for early sixteenth-century political history, recording events and creating an original vision of a King who personified the superior moral qualities of his kingdom. The “Chronicles” support an imperialist discourse, justifying Louis XII’s Italian successes and pretensions, and predicting further victories as a consequence of his moral perfection. In fact, the “Chroniques de Louis XII” present an original portrait of France and the French court at the dawn of the Renaissance, when the kingdom was looking to redefine itself between a mythic past, a glorious present and a future full of promises.

Research center :

Transitions - Transitions (Département de recherches sur le Moyen Âge tardif & la première Modernité) - ULiège

Disciplines :

History

Author, co-author :

Dumont, Jonathan ; Université de Liège - ULiège > Département des sciences historiques > Histoire du moyen âge

Language :

French

Title :

Ordre social et destin impérial dans les Chroniques de Louis XII de Jean d’Auton

Publication date :

2007

Journal title :

Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance

ISSN :

0006-1999

Publisher :

Librairie Droz SA, Genève, Switzerland

Volume :

LXIX

Issue :

Pages :

589-613

Peer reviewed :

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Available on ORBi :

since 19 January 2010

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Sur la difficile question du titre d'historiographe dans le royaume de France, voir: Fossier, Fr., A propos du titre d'historiographe sous l'Ancien régime, dans Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 32, 1985, p. 361-417.
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Maulde la Clavière, R. de, Notice..., op. cit., p. XXV.
« [...] le bienffaict m'est reduyt a memoire pour en avoir eu ma part, [...], j'eu lors le prieuré de Clermont de Lodève en Languedoc, ce qui de moult rainfforça l'entretiennement de mon estat [...]. » Les cronicques du Roy..., t. 4, p. 27.
En ce qui concerne Angles, l'auteur reçoit l'abbaye à la fin de l'année 1514, au moment où le précédent abbé, Adrien Goufier, devient cardinal. Eubel, C., Hierarchia catholica, t. 3, Padoue, 1923, p. 14.
Monsabert, P. de, Angle, dans Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t. 3, Paris, 1924, col. 134-137.
L'exemplaire royal des Chroniques de Louis XII se compose de quatre volumes manuscrits. Auton, J. d', Les alarmes de mars sur le voyage de millan avecques la conqueste et entree d'icelle, BnF, ms. fr. 5089.
Nous trouvons la trace de ces manuscrits dans le catalogue de la bibliothèque de Blois dressé en 1518. Arnauldet, P., Inventaire de la bibliothèque du château de Blois en 1518, dans Le bibliographe moderne. Courrier international des archives et des bibliothèques, sous la dir. de H. Stein, t. 6, Paris, 1902, p. 305-306 (4e chronique)
t. 8, 1904, p. 146 (2e chronique), p. 147-148 (1re chronique), p. 179-180 (3e chronique).
Quelques copies de ces textes existent. Pour la chronique de 1499, nous en comptons deux (BnF, ms. fr. 5090 et ms. fr. 17519, fo 256-312).
Un volume contenant le texte de la première et de la troisième chronique est conservé à la bibliothèque de l'Institut (ms. Godefroy 238) tandis qu'un autre manuscrit reproduit le texte de 1501-1506 seul (BnF, ms. fr. 10155).
La chronique de l'année 1500 connaît, elle aussi, une retranscription (BnF, ms. fr. 17522).
Enfin, dans un recueil de lettres et de documents, nous trouvons un extrait de l'œuvre d'Auton (BnF, ms. fr. 4055, fol. 87).
En ce qui concerne les éditions anciennes, nous n'en trouvons qu'à partir du XVIIe siècle : Auton, J. d', Histoire de Louys XII, roy de France, père du peuple et des choses mémorables advenues de son règne dès l'an MDVI jusques MDVIII, Paris, A. Pacard pour Th. Godefroy, 1615.
Id., Histoire de Louys XII, roy de France, père du peuple, et des choses mémorables advenues de son regne es années 1499, 1500 et 1501 [...], Paris, A. Pacard pour Th. Godefroy, 1620.
Id., Histoire de Louys XII, roy de France, père du peuple, et des choses mémorables advenues de son règne [...] en l'année MDII [...], Paris, A. Pacard pour Th. Godefroy, 1620.
Citons enfin l'édition de P. L. Jacob, bien inférieure à celle de Maulde de la Clavière : Auton, J. d', Chroniques de Jean d'Auton, éd. P. L. Jacob, 4 t., Paris, 1834-1835.
Valeurs chevaleresques et culture de cours sont omniprésentes dans le récit. « [...] troys de ceulx, c'est assavoir le seigneur de Mallicorne et deux hommes d'armes de ceulx du seigneur de Xandricourt, lesquelz furent sur le bort desdites tranchées, ou firent leurs criz, et chargerent sur ceulx qui dedans estoyent [...]. » Les cronicques du Roy..., t. 3, p. 264.
« Le surplus de l'ost estoit au parc de Pavye, ouquel furent par les Françoiz plus de cinquante bestes fauves et rouces, a cource de cheval, prinses et tuhées; tant y en avoit que, a grant compaignyes et trouppes, comme brebiz, en tous les lieux du parc on les voyoit marcher et courir. » La conqueste..., p. 84-85.
Pour la liste de ses œuvres en vers, voir l'introduction de: Auton, J. d', Lemaire de Belges, J., Epistres du roy à Hector et autres pièces de circonstance (1511-1513), éd. A. Armstrong et J. Britnell, Paris, 2000.
« [...] a la veue des futurs les faictz modernes ne fussent incogneuz ne redigez en ombre, la plume sur ce ay mise en œuvre, et actaché a ce papier ce que j'en ay peu veoir a l'ueil, et par la voix de verité savoir. » Auton, J., Les cronicques du Roy..., t. 2, p. 4.
« Et a tant le lesse pour l'exaltacion de la gloire des preux et au chasty de l'obprobre des meschans. » Les cronicques du Roy..., t. 3, p. 175.
Conscient de l'apparition d'une opinion publique, le roi a à cœur de propager sa propre version des événements par le biais de ce qu'il convient d'appeler, faute de termes plus adéquats, de la propagande. Guenée, B., L'opinion publique à la fin du Moyen Age d'après la Chronique de Charles VI du Religieux de Saint-Denis, Paris, 2002.
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N. Hochner a récemment avancé que la multiplicité des formes prises par l'image de Louis XII montre que la représentation royale n'est pas entièrement contrôlée par la couronne. Dès lors, au terme de propagande, elle préfère celui d' « entreprise médiatique » (?). Hochner, N., Louis XII. Le dérèglement de l'image royale (1498-1515), Seyssel, 2006, p. 21. Selon nous, l'adjectif « médiatique », dérivé du substantif « mass-média », convient encore moins à la réalité de ce début de XVIe siècle car il se réfère avant tout à une entreprise de communication de grande ampleur tant du point de vue du public touché que des moyens utilisés.
Sur l'idéal nobiliaire à la fin du Moyen Age, voir entre autres: Contamine, Ph., La noblesse au royaume de France de Philippe le Bel à Louis XII. Essai de synthèse, Paris, 1997.
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Chapitre XIV. « Comment le capitaine Louys d'Ars, avecques quarente hommes d'armes et quatre vingtz archiers, passa tout le travers de Lombardye. » Auton, J., La cronicque du Roy tres chrestien, Louys, doziesme de ce nom, de l'an mille cincq cens, avecques le remanant de l'année precedente, dans Chroniques de Louis XII, t. 1, éd. R. de Maulde la Clavière, Paris, 1889, p. 171-177.
Au début de l'année 1500, Ludovic Sforza s'est réfugié en Allemagne. Il y reçoit l'aide militaire de Maximilien Ier et repasse les Alpes pour récupérer le Milanais. Le 25 janvier, Milan se révolte contre les Français et tout le duché s'embrase en faveur du More. Louis XII ne conserve que quelques forteresses. Envoyé à Bellinzona, dans le nord du duché, au début de l'offensive du More, Louis d'Ars constate à son arrivée que la place forte est déjà tombée. Il lui faut donc retraverser la Lombardie afin de rejoindre les forces françaises à Novare. Le chroniqueur nous relate donc cette chevauchée de Bellinzona à Novare à la fin du mois de février 1500. Jacquart, J., Bayard, Paris, 1987, p. 114-117.
Le Fur, D., Louis XIl (1498-1515). Un autre César, Paris, 2001, p. 60-62.
Pélissier, L.-G., Louis XII et Ludovic Sforza (8 avril 1498-23 juillet 1500), t. 2, Paris, 1896, p. 121-133.
Quillet, B., Louis XII, Père du peuple, Paris, 1986, p. 252-254.
« Bien se faict a commemorer que le chief fut de telle conduyte que, entre tant de perilleux dangiers et mortelles embusches, ung seul des siens ne perdit; car tousjours avoit l'advys et la main a la deffence de ceulx qui besoing avoyent d'ayde. Somme, si des tresors de louange vouloye par mes escriptz aucuns enrichir, a cestuy en oseroye si largement departir que james n'en serait disecteux [...]. » La cronicque du Roy..., p. 174-175.
BnF, ms. fr. 5081, fol. 19 ro. Seuls les quatre manuscrits des Chroniques offerts au roi comportent des illustrations. Aussi, lorsque nous citerons des miniatures, il sera toujours question de ces manuscrits.
Le conflit était latent depuis le traité de Grenade du 11 novembre 1500 par lequel Louis XII et Ferdinand d'Aragon s'étaient partagés les possessions napolitaines sans pour autant régler le sort de deux provinces: la Basilicate et le Capitanat. Débutant par quelques engagements ponctuels, la guerre éclate dans le courant du mois de juillet 1502 lorsque les armées françaises envahissent les Pouilles et la Calabre. A la fin de l'été, les Espagnols ne tiennent plus que quelques villes dont le port de Barletta où une grande partie de leur armée est assiégée par les Français. Or, confronté à des problèmes d'intendance, aux rigueurs climatiques et à l'insubordination de ses capitaines, le duc de Nemours, vice-roi de Naples, ne peut exploiter la situation à son avantage. Les Espagnols en profitent et débarquent en Capitanat permettant aux leurs, enfermés dans Barletta, de forcer le blocus. La contre-offensive est fulgurante et les Français perdent progressivement ce qu'ils avaient gagné. Naples tombe le 6 juin 1503 et les Français se replient en juillet sur Gaète. Malgré l'envoi de renforts, les Français perdent la ville et abandonnent le royaume le 1er janvier 1504. Le fur, D., Louis XII..., op. cit., p. 63-74.
Quillet, B., Louis XII..., op. cit., p. 283-294.
La Palisse est l'un des capitaines préférés du roi qui lui confère des responsabilités dans toutes ses campagnes, depuis celle de Milan en 1499 à Agnadel en 1508 en passant par Gênes en 1507. En récompense de ses services, il est nommé maréchal de France en 1515. Sur le personnage, voir: Pélisssier, L.-G., Louis XII et Ludovic Sforza..., op. cit., t. 1, p. 387, 390, 397
t. 2, p. 179.
Sur la question, voir: Contamine, Ph., Mourir pour la patrie X e-XXe siècle, dans Les Lieux de mémoire, op. cit., p. 11-43.
Crouzet, D., Mourir en Milanais, dans Louis XII en Milanais..., op. cit., p. 173-188.
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« [...] le demeurerent des gens d'armes en bon ordre et tost marchoyent vers ou le bruyt se faisoit; et conduysoyent iceulx le seigneur de Chandée, le compte de Misot, Robinet de Fremezelles [...] » La conqueste..., p. 58-59.
Ce capitaine espagnol est envoyé en Italie dès 1495 par Ferdinand le Catholique pour contrer les projets de Charles VIII. Il dirige de nouveau les armées de son roi lors de la guerre franco-espagnole de 1502-1504. Durant l'automne 1503, renversant la situation à son avantage, il bat les Français à Seminara (21 avril 1503), Cerignola (28 avril 1503) et à Garigliano (28-29 décembre 1503). Jacquart, J., Bayard, op. cit., p. 119-143.
Le Fur, D., Louis XII..., op. cit., p. 63-74.
En 1503, Louis XII, empêtré dans la guerre contre les Espagnols, tente d'apaiser les tensions en renouvelant le contrat de mariage passé en août 1501 entre sa fille, Claude, et le petit fils de Ferdinand le Catholique, Charles de Habsbourg, le futur Charles Quint. L'accord prévoit que les parties françaises et espagnoles du royaume de Naples seront remises au couple tandis que Louis XII y ajoutera le duché de Milan en dot. Un cessez-le-feu, comprenant la libération des prisonniers, est entériné le 5 avril 1503. Ainsi, Gonzalve de Cordoue ne respecte pas le contrat et désobéit à son roi. Quillet, B., Louis XII..., op. cit., p. 295-313.
Durant le mois d'octobre, les troupes françaises réfugiées à Gaète se joignent aux renforts venus d'outremonts pour tenter de renverser la situation. Arrivée en vue du fleuve Garigliano, l'armée espagnole leur fait face. Les deux camps s'observent pendant des semaines. A la suite d'une tentative espagnole pour traverser le fleuve sur un pont de fortune, le combat s'engage. D'abord incertaine, la confrontation tourne à l'avantage des Espagnols qui prennent le pont. La bataille est perdue le 29 décembre 1503 et les Français se replient sur Gaète qui capitule le 1er janvier 1504. Le Fur, D., Louis XII..., op.cit., p. 71-73.
BnF, ms. fr. 5082, fo 183 vo.
Sur cette question, voir: Jacquart, J., Bayard, op. cit., p. 135-137.
« Voulurent seul ordonner et commectre;/ Sachant qui a compaigon, si a maistre;/ L'ung veult le bruyt, l'autre la gloire envye,/ Tant que souvant differant s'i va mectre:/ Entre pareilz y a tousjours envye. [...] Pour ne vouloir nous adjoindre et unir,/ Honneur pour nous n'avons sceu retenir/ Ne pour le bien public proffict conquerre,/ [...] » Le deffault du Garillant, dans, Les cronicques du Roy..., t. 3, p. 343, v. 90-109.
Voir: Avril, Fr., Reynaud, N., Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, Paris, 1993, p. 280-281.
« Le Florentins, qui avoyent promys d'avitailler l'armé et fournir l'artillerye d'affutage et autres necessitez de tout, ce ne firent riens [...]. » La cronicque du Roy..., p. 311.
« Espaignolz se revigourerent, et prindrent audacieulx courage, qui est la plus forte muraille qui soit [...]. » Les cronicques du Roy..., t. 2, p. 286.
Pierre du Térrail, seigneur de Bayard, s'illustre à Garigliano en 1503 et fait à nouveau parler de lui à Agnadel (14 mai 1509) et à Brescia (19 février 1512). A l'avènement de François 1er, il est nommé lieutenant général du Dauphiné et participe à la bataille de Marignan le 13-14 septembre 1515. Il périt lors de la campagne française de 1524 en Milanais. Sur le duel, voir: Jacquart, J., Bayard, op. cit., p. 129-132.
Le texte de L'exil de Gennes la Superbe introduit cette image car la nation personnifiée y prend la parole pour évoquer sa victoire sur Gênes révoltée. L'exil de Gennes la Superbe, dans, Auton, J. d', Exorde sur les Gestes et Annales du christianissime Roy Loys XIIme de ce nom, dans Chroniques de Louis XII, t. 4, éd. R. de Maulde la Clavière, Paris, 1895, p. 377-378, v. 269-310.
En 1506, l'hostilité couvant entre les bourgeois de la cité et la noblesse, éclate lorsque la foule massacre un noble et chasse les familles aristocratiques de la ville. Ces dernières se plaignent au roi qui leur donne raison. La révolte se transforme alors en une insurrection anti-française. Louis XII en personne est contraint de passer les monts. Dans la nuit du 25 au 26 avril 1507, il reprend Gênes, exécute les meneurs et impose de lourdes sanctions à la cité. Le Fur, D., Louis XII..., op. cit., p. 74-81.
« [...] et luy, armé de toutes pieces, monta legierement desus, sans ayde ; et la commainça a faire faire carriere, cources et grans saulx a sondit cheval, [...], a la bouche et a l'esperon qu'il en faisoit tout a son plaisir [...]. » Exorde..., p. 178.
BnF, ms. fr. 5083, fol. 73 ro.
BnF, ms. fr. 5083, fol. 80 ro.
« A l'exemple des bons predecesseurs,/ Louis XIIme, ung des myens sucesseurs,/ Apres avoir maincte force domptée,/ La superbe Gennes a surmontée,/ [...]/ L'espée au poing, pour le bon droict deffendre. » L'Exil de Gennes..., op. cit., p. 377, v. 274-280.
« Le Roy, voyant ses pauvres gentishommes plainctiz et chacez de leurs maisons, les accueillit [...], comme prince humain doit faire, en leur promectant de leur secourir en leur affaire [...]. » Exorde..., p. 104.
« Prince, je [Gênes] suys decheue en ma pencée,/ Voulant trop hault monter comme incensee,/ Dont raison veult que chasty j'en deserve [...]. » L'exil de Gennes..., op. cit., p. 373, v. 137-139.
« [...] Paul de Nove, duc du peuple de Gennes [...], et grant nombre d'autres, tant du peuple gras que de la commune; lesquelz, apres plusieurs allegations desordonnées, conclurent de declairer eulx et la ville de Gennes contre le Roy, et des lors commaincer leur rebellion et tuher tous les Françoys qu'ils pourroyent trouver et prendre dedans leur pays [...]. » Exorde..., p. 140.
BnF, ms. fr. 5083, fol. 20 ro.
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La ressource de la chreslienté d'André de La Vigne (1485-1515), l'un des principaux chantres de la figure royale sous Charles VIII, évoque ces tendances messianiques en faisant remonter la prédiction de l'arrivée d'un empereur français au roi David et à la Sybille romaine. « D'une Sebille de haulte extracion/ Jadis a Romme prenosticacion/ Cinq cens ans a fut es Rommains donnee/ Disant c'un jour viendrait sans fiction/ Ung jeune Charles qui coronacion/ Prandroit en France sur la treziesme annee, / Par qui seroye si treshault couronnee/ De haulte gloire et louenge immortelle,/ Qu'on n'en list poinct es croniques de telle;/ [...]. » La Vigne, A. de, La ressource de la chré tienté, éd. J. C. Brown, Montréal, 1989, p. 122, v. 612-621.
Ensuite, La Vigne parle de ce souverain élu de Dieu pour acquérir des droits supérieurs aux autres monarques. « Qu'i a il plus si non qu'estes le roy,/ Le plus noble de terriffique arroy,/ Le plus puissant qui portast one couronne,/ Tant qu'il n'est nul qui vous mecte desroy/ Ne qu'esbransler puisse vostre charroy,/ Car hault honneur sur vostre chief floronne,/ Bruyt terrien vostre corps envyronne/ Incessamment par raison et par art/ [...]/ Dieu vous a faict, de quoy present foys pause,/ Chief de pays tant privez comme estranges/ Vous estes dit et peu de coustanges,/ Ou vostre peuple en seurté se repose;/ Et a bien faire ung chascun se dispose,/ Sans que nully les tourmente ou les blesse,/ Accompaigné de ma dame Noblesse,/ Pour quoy vous dis et pour tel vous maintien/ En grant jeunesse le roy trescrestïen/ [...]. » Id., La ressource..., loc. cit., p. 123, v. 645-666.
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L'école des Rhétoriqueurs, à laquelle Jean d'Auton est traditionnellement rattaché, nous fournit quelques figures de premier plan: Jean Bouchet (1476-entre 1557-1559), Pierre Gringore (vers 1475-vers 1538-1539), Jean d'Ivry (vers 1472-1547), Jean Lemaire de Belges (vers 1473-vers 1515-1516), Jean Marot ( 1464?-1524?). Sur leur école, voir entre autres: Britnell, J., Jean Bouchet, Edimbourg, 1987.
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Les Grands Rhétoriqueurs. Actes du Ve colloque International sur le Moyen français. Milan, 6-8 mai 1985, Milan, 1985.
Rasmussen, J., La prose narrative française du XVe siècle. Etude esthétique et stylistique, Copenhague, 1958.
Zumthor, P., Le masque et la lumière. La poétique des Grands Rhétoriqueurs, Paris, 1978. Nous avons ensuite choisi deux auteurs, Robert Gaguin (1433-1501) et Claude de Seyssel (1450-1520) qui, bien que situés hors de ce mouvement, se sont distingués par leur travail historiographique et méritent, à ce titre, d'être comparés à Auton.
Giordano, L., Les entrées de Louis XII en Milanais, dans Passer les monts..., op. cit., p. 139-148.
Le Fur, D., Louis XII..., op. cit., p. 210.
Le Thiec, G., De Milan à Constantinople..., op. cit., p. 68-69.
Raynaud, Chr., La représentation du pouvoir dans le langage iconographique de l'enluminure française au début du XV e siècle, dans Id., Images et pouvoir au Moyen Age, Paris, 1993, p. 217.
Sheller, R. W., Ensigns of authority: French royal symbolism in the age of Louis XII, dans Simiolus..., op. cit., 1983, p. 104.
Thibault, P., Louis XII, de l 'Imperator au Père du peuple : iconographie du règne et de sa mémoire, dans Nouvelle revue historique, t. 13, 1995, p. 34.
Gaguin, R., Compendium Roberti Gaguini super Francorum gestis: ab ipso recognituuro, Paris, Jean Petit, 1504, fol. D. ro.
« Ce Roy Louys, dont on ne se doit taire,/ En eut autant, si tous les faits brisés,/ Or avec moy vos pleurs donc elisés/ Romains cessés Jules Cesar plorer,/ Verres la mort avec moy deplorer/ De celuy Roy, qui par œuvres fatales/ En bref conquist la plus part des Itales./ Andromache vien moy tost secourir,/ Pour par les yeux larmes faire courir,/ Et plorerons la mort d'Hector ensemble,/ Pires du bon Roy, qui si bien le resemble. » Bouchet, J., Epistre de Madame Marie, Royne doûairiere de France, au Roy Henry d'Angleterre son frere, touchant le trespas du tres-Chrestien Roy de France, Louys douziesme de ce nom, dans Les Annales d'Aquitaine. Faits et gestes en sommaire des Roys de France et d'Angleterre, Pays de Naples et de Milan, Paris, Guillaume le Bret, 1540, p. 347, v. 238-248.
« Pour son triumphe doibt avoir/ Plus que cesar qui fust plain de scavoir/ [...] » Ivry, J. d', Les triomphes de France, Paris, J. Barbier, 1508, fol A. IIII. ro, v. 142-143.
« [...] jamais en nulle saison, voyre mesmes du temps de Charles le grand iceluy royaume n'avoit esté si puissant d'armes ne de gens, si opulent et abondant de tous biens, si reparé de fortes citez, villes et chasteaux, si plein de concorde et union, et vuyde de toute discorde et division: et finalement si suffisant et disposé pour soustenir tous pesans faix, et pour entreprendre toutes choses grandes [...]. » Seyssel, Cl. de, Histoire du Roy Louis douziesme, Pere du peuple, Paris, Jacques Dupuis, 1587, fol. 3 ro.
« Sicambroys, Francz, ainsi que du ciel pleuz,/ A grans undes envahirent les Gaulles;/ Lors les Rommains tournerent les espaulles,/ Si que tantost presque Gaulle totalle/ Receut le nom de France occidentals/ Pour designer par vraye demonstrance/ Qu' Alemaigne est orientale France. » Auton, J. d', Lemaire de Belges, J., Epistres du roy..., op. cit., p. 47, v. 460-466.
« Or vueille Dieu, que de nostre temps les armes de ces deux tresnobles et trespuissantes nations, se puissent joindre pacifiquement ensemble, pour recouvrer leur heritage de Troye, lequel possèdent les Turcz. Et Dieu mercy, nous en voyons desja quelque coniecture, [...]: car les Allemans, que nous disons Lansquenets, qui sont les vrays François Orientaux, militent aujourd huy [...] sous le Roy treschrestien, Loys douziesme. Et se que commencent ces deux nations à sentreaymer, et sentreaccointer, par société bellique: comme ilz faisoient du temps de lempereur Charles le grand. » Lemaire de Belges, J., Les Illustrations de Gaule et singularitez de Troye, [...]: Avec la couronne margaritique, et plusieurs autres œuvres de luy, non jamais encore imprimées [...], Lyon, Jean de Tournes, 1549, p. 369-370.
« Je guerroiay par guerre mortificque,/ Et les lombars sur lesquelz il regnoit/ Voire fiz tant que ce que retenoit/ Ce roy tirant et trescruel satrappe/ Remis es mains de Adrien le bon pape/ Et la mis fin au regne des Lombars/ [...]. » Bouchet, J., S'ensuyt lepitaphe dudict Charlemaigne, dans Les genealogies Epitaphes et Effigies de tous les Roys de France, Poitiers, Jacques Bouchet, 1521, fol. 115 vo, v. 120-125.
« Adoncques Mars, voyant guerre et rancune/ Estre sur champs, commanda à Neptune/ Ses brigandins et carracques amer/ A Eolus de perturber la mer/ Par ventz marins soufflans undes et vagues/ Au dieu Vulcan forger voulges et dagues/ Et appeler tous ses archiers lucains,/ Au viel Cacus, vray moulle de villains,/ Larron(s) de beufz, saillir de ses cavernes/ Acompaigné des déesses infernes/ Dame Thetis, Lachesis, Atropos,/ Qui tous humains murtrissent sans repos,/ De congreger les Centhaures, qui firent/ Guerre à Saturne tant qu'il le desconfirent,/ Affin que paix fuist aux divins estres/ Pour mieulx regir les regions terrestres. » Marot, J., Le voyage de Gênes, éd. G. Trisolini, Genève, 1974, p. 87, v. 91-106.
« [...] François piccards normandz bretons germains/ Sont ses subjectz et vinrent soubz ses mains/ La triple gaule tient en subietion. / Et des italles a domination/ Son povoir est de jour en jour croissant / Et son triumphe en vertu flourissant/ Puis Orient jusques en Occident. » Ivry, J. d', Les triomphes..., op. cit., fol. A. III. ro, v. 79-85.
Dupront, A., Le mythe de croisade, t. 1, Paris, 1997, p. 455-456.
Poumarède, G., Pour en finir avec la croisade. Mythes et réalités de la lutte contre les Turcs aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, 2004.
« Trescrestïen, j'ay en vous ma fiance,/ A vous s'adresse ma piteuse complainte;/ Vous plaise donc donner vostre alïance/ A vostre fille nommee la Terre Sainte. » Gringore, P., La piteuse complaincte de la Terre Saincte, dans Œuvres polémiques rédigées sous le règne de Louis XII, éd. C. J. Brown, Genève, 2003, p. 116, v. 212-215.
Abélard, J., Les Illustrations de Gaulle de Jean Lemaire de Belges. Quelle Gaule? Quelle France? Quelle nation?, dans Nouvelle revue du XVIe siècle, t. 13, 1995, p. 7-27.
Beaune, C., Naissance de la nation France, Paris, 1985.
Desan, Ph., Penser l'histoire de France à la Renaissance, Caen, 1993.
Dubois, Cl.-G., Celtes et Gaulois au XVle siècle. Le développement littéraire d'un mythe nationaliste, Paris, 1972.
Schmidt-Chazan, M., Histoire et sentiment national chez Robert Gaguin, dans Le métier d'historien au Moyen Age. Etude sur l'historiographie médiévale, éd. B. Guenée, Paris, 1977, p. 233-300.
« Priam ton pere en ses nobles arrays/ Fut jadis diet et nommé roy des roys;/ Troye la grant, sur la mer Helesponte/ Tenoit soubz piedz la mer major de Ponthe/ Et l'archipel jusqu'à la mer d'Egypte,/ [...] Et maintenant, dont certes il me poyse,/ Tout cela tient gent estrange et Turquoyse,/ Gent dissolue, infidelle, et bastarde,/ Gent toute infame ; et pource trop me tarde,/ Que telle terre, et de noble estime,/ Ne soit rendue à son hoir legitime. » Auton, J. d', Lemaire de Belges, J., Epistres du roy..., op. cit., p. 35, v. 111-122.
« A vou sont deuz plus grand labeurs futurs/ Comme aux deffences de la croix et cristodes/ Eslargisses voz asseurées modes/ Par terres mers et isles cistadines/ Faites embuches comme aux fourques cadinees/ Pour le souldan surprendre et ses conflues/ Et a la fin serez ordonnez dignes/ De triumphe par rigemens triplices/ [...]. » Auton, J. d'. Les alarmes de mars, dans Les alarmes de mars sur le voyage de millan avecques la conquestes et entree d'icelle, BnF, ms. fr. 5089, fol. 11 ro et vo, v. 374-381.
En 1501, auréolé de gloire après ses victoires italiennes et pressé par le pape Jules II, Louis XII se décide à mener une croisade contre les Turcs. Soutenue par Venise, les Hospitaliers et les Génois, l'expédition, commandée par l'oncle maternel du roi, Philippe de Clèves, seigneur de Ravenstein, lève l'ancre le 18 octobre à destination de l'île de Mytilène en mer Egée. Arrivé le 24, Ravenstein lance l'assaut alors que les alliés tardent à lui venir en aide. Il est contraint d'abandonner le siège suite à l'arrivée d'une armée turque venue de Constantinople. Dispersés par la tempête, les survivants échouent sur la côte grecque. L'entreprise est un échec total. De Fouw, A., Philips van Kleef. Een Bidrage tot de kennis van zijn leven en karakter, Groningen, 1937, p. 293-305.
BnF, ms. fr. 5081, fol. V ro.
Sur le rôle des miniatures utilisées en guise de frontispices, voir : Lancner-Harf, L., Le dialogue entre texte et image, dans Perspectives médiévales. Trente ans de recherches en langues et en littératures médiévales, éd. J.-R. Valette, Paris, 2005, p. 245-246.
Le Guay, L., Les princes de Bourgogne lecteurs de Froissart. Les rapports entre le texte et l'image dans les manuscrits enluminés du livre IVdes Chroniques, Paris-Turnhout, 1998, p. 45-47.
Toubert, H., Formes et fonctions de l'enluminure, dans Histoire de l'édition française, t. 1 : Le livre conquérant. Du Moyen Age au milieu du XVIIe siècle, Paris, 1982, p. 100.
« Roy renomme au monde universel/ Plus que David qui a faict maint versel/ Terres et mers sont de vous esbahis/ Tant les voysines que de lointains pays/ Affrique craind et asie a grand peur/ D'avoir la guerre contre vostre fureur/ Au monde n'est region soubz le throsne/ Qui ne vous doubte et mesme babilonne/ [...]. » Ivry, J. d', Les triomphes..., op. cit., fol. A. IIII. ro, v. 154-161.
« Que diray je fors que le roy de France/ Est preesleu par la divine grace./ C'est flagellum Dei, car sans doubtance,/ En Jesus prent confort et esperance./ Guerre ne veult mettre sus par falace,/ Point n'est permis que la Croisee on face/ Porter jamais que sur les Infidelles;/ Desploiee est sur les justes fidelles. » Gringore, P., L'espoir de paix, dans Œuvres polémiques ..., op. cit., p. 200-201, v. 345-352.
« Disant ces motz, en ce temps umbrageux/ [...] On vit descendre ung coulon par les nuez,/ [...]./ Or doiz savoir que par divin augure/ Le sainct esprit se monstre en tel' figure/ [...] Le beau coulon, de loyaulté nayfve,/ Porta en l'arche une branche d'olive,/ Monstrant jadis en ce monde où nous sommes/ Que paix estoit entre Dieu et les hommes./ Si sçay pour vray que paix souvent requise/ Peult tresbien estre en justes ames quise. » Auton, J. d', Lemaire de Belges, J., Epistres du roy..., op. cit., p. 39-40, v. 245-262.
« [...] au temps que le Roy estoit lors a Lyon, du pays de Liege luy fust transmise la semblance d'une croix tumbée des cieulx, de sang toute taincte et emrougye, et environnée d'ung cercle semblant a l'arc sedereal [...]. En ce mesme temps fut dit et acertainé au Roy, [...], que en sa cyté de Ferrare, au pays d'Itallye, au monastere des Augustins, avoit une dame recluse; laquelle avoit aux piedz, aux mains et au costé, les cincq stimates de Nostre Seigneur, et que de sa chemise issoit vray sang, et en grant habbondance. Ung nommé Jehan de Paris, painctre du Roy, dist ausi avoir veu a Millan, peu de jours devant, la semblance d'ung enfent monstrueulx [...]. » Les cronicques du Roy..., t. 2, p. 101-103.
Sur la notion de France, nouvel Israël, voir: Strayer, J. R., France: The holy Land, the Chosen People, and the most Christian King, dans, Action and Conviction in Early Modern Europe. Essays in Memory of E. H. Harbison, éd. Th. K. Rabb et J. E. Siegel, Princeton, 1969, p. 5-6.
Yardeni, M., Enquêtes sur l'identité de la « Nation France ». De la Renaissance aux Lumières, Seyssel, 2004, p. 112-125.
« [...] la preeminence a l'onneur sur tous les Roys cristiens appartient au Roy de France comme au plus noble des humains, et que, entre autres, est dist seul et intitulé, par pregative et excellence, le Roy Christianissime. Mais d'a[u]cune chose ne peult prejudicier au Roy l'onneur par luy faict a autruy liberalement et non accepté par auctorité, comme fist tousjours le Roy d'Arragon, qui, a tous honneurs, refussa l'avantaige, premier que l'accepter, sachant ausi que par le maistre des cerimonies, a Romme, sur et devant tous autres Roys chrestiens, le Roy de France est le premier aux honneurs. » Exorde..., p. 353.
« Quant au regard de l'usurpacion du papat, a ce point ne respondoit le Roy, disant que la chose d'elle mesme se doit pencer impossible a faire par raison et increable a entreprendre, veu que luy et ses predecesseurs ont tousjours esté protecteurs de l'Esglise et deffenseurs de son droict; ausi, quant ce que ledit seigneur se vouloit faire couronner empereur et occuper les Itales, que a ce n'avoit oncques pencé, mais disoit estre ses choses controuvées et mises par l'invencion du Roy des Romains ; mais, pour respondre du tout a la principalle cause qui le mouvoit, de passer les mons ; c'estoit mesmement pour vouloir veoir la Saincteté du pape a Boulongne, comme ledict Pere Sainct luy avoit mandé, et pour conferer et trecter avecques luy du bien de l'Eglize et prouffict de la chrestienté, et ausi pour la cause de la rebellion de sa ville de Gennes. » Exorde..., p. 247-248.
L'originalité de la construction autonienne soulève le problème de l'absence de l'Eglise.